A Propos

Rubriques

lundi 10 novembre 2008

Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra & Tra-la-la Band - La laiterie, Strasbourg (08/11/2008)




“Hellooo we are Thee Silver Mt. Zion & Tra la la Band
The name of this first song is 13 blues for thirteen moon". Nous y voilà donc à ce second concert, me concernant, d’une tournée débutée au printemps dernier. Les premiers concerts du groupe reprenant surtout les morceaux du 13 blues for thirteen moons avaient été bluffantes, tant par l’intensité des prestations que par l’efficacité des interprétations live de ces morceaux.

Dans une salle contenant à peine 250 places, archi comble, sans première partie, nous avions là des conditions idéales pour apprécier au mieux les concerts toujours inoubliables des canadiens. Devant nous, à peine à quelques mètres,Efrim et les tra la la Band entament la soirée de façon intense par l’impressionnant “13 blues for thirteen moons” qui nous transportera pendant près de 25 minutes ; On navigue entre montées douces en puissance, retombées, transitions nettement plus calme au son des cordes pincées de Thierry Amar, chants portés par Efrim se tenant à près de deux mètres du micro et hurlant ses « thirteen moons » avec une clarté et une qualité de son impeccable. Après une quinzaine de minutes d’alternance entre accélérations et temporisations la fin tient carrément d’une montée orgasmique avec une explosion intense sur les dernières minutes du morceau.

Quand on débute de telle manière, le public est forcément en transe et on n’attend qu’une chose repartir pour les 20 minutes suivantes. Après quelques commentaires ironiques de Efrim, le groupe enchaîne sur le non moins puissant et romantique “1,000,000 Died To Make This Sound”. Débutant avec les chants délicieux des violonistes du tra la la band auxquels se mêlent petit à petit celui de Efrim, on part de nouveau, là encore on s’envole. Nous ne sommes plus là en train de regarder un groupe jouer sur scène, on n’est plus là à assister à la prestation live d’un groupe, nous voilà comme envoûtés par un gourou aux cheveux frisés et aux bras tatoués. Tout comme ce fut le cas dans le titre précédent, le morceau monte délicatement jusqu’à devenir très violent même si cela se fait de manière sans doute moins subtile qu’avec “13 blues for thirteen moons”.
Save the ladybird

Viennent ensuite des morceaux un peu plus rock, tout autant efficaces mais peut être moins exceptionnels. Ce fut l’occasion de voir Efrim effectuer une chose étrange : alors qu’il chante à environ un mètre de moi, celui-ci se saisit d’un médiator et passe son morceau à grattouiller le bout du micro avec. Je me dis « tiens tiens qu’est ce dont encore que ce micro de haute technologie sur lequel le seul grattage du médiator semble avoir des effets terribles ? ». Vue la concentration d’Efrim à faire cela pendant une bonne dizaine de minutes on se dit qu’il s’agit sans doute là d’une technique demandant des capacités de concentration exceptionnelles. Le morceau s’achève Efrim s’avance vers nous, tendant le médiator sur lequel se trouve... une adorable petite coccinelle ! Il nous explique que cette coccinelle était là sur son micro pendant qu’il chantait et qu’il s’inquiétait tant que le bruit ne lui fasse peur qu’il avait voulu la saisir pour l’enlever de là. Il tend alors le petit insecte à un homme devant moi et lui demande de ramener la petite chose à l’extérieur de la salle en ajoutant avec le grand sourire radieux de celui qui a sauvé une vie innocente « Ohhh it is true, we are Hippies ! ».

Et là on mesure à quel point Efrim et son groupe vivent dans leur monde, un monde étrange fait de sons, de musique rock et classique, de chants plaintifs , intenses et presque animaux. Le groupe quitte la scène après une magnifique interprétation de “metal bird”. On sait qu’ils vont revenir car tout le monde attend pour finir la soirée tout en apesanteur l’un de leurs morceaux fétiches en live : “Microphones on the trees”.

Ils reviennent, aux premières notes de violon ce sont des visages radieux qui sont là tout autour de moi. On sait que le concert s’achèvera là-dessus alors on savoure chaque note, chaque petits cris de Efrim, les « microphones in the trees » enregistrés sur le mégaphone qui repassent en boucle s’ajoutant aux chants des tra la la band.

Cela faisait plaisir d’assister à cette nouvelle prestation du groupe avec un public terriblement chaleureux. Nous étions bien moins nombreux que lors de leur prestation parisienne de la maroquinerie et pourtant l’enthousiasme semblait dix fois plus intense.

On m’avait dit « Même si tu n’aimes pas trop sur disque, si tu trouves les morceaux un peu trop mous... Thee Silver Mt. Zion en concert c’est merveilleux et absolument inoubliable ». Il y a quelques groupes comme cela, dont on sait qu’on ne ratera jamais une de leurs prestations, qu’on tentera même de les voir plusieurs fois sur scène pour une même tournée car on vit là , en effet, des moments parfaitement inoubliables.

samedi 27 septembre 2008

I’m From Barcelona - Festival Ososphère La Laiterie, Strasbourg (26/09/2008)


Le festival Osophère de Strasbourg proposait pour cette première soirée de l’édition 2008 deux concerts antipasti dans deux salles différentes. Le premier concernait la nouvelle star musicale française : le génie du rien du tout, le Raëlde la scène indé : le dénommé Sébastien Tellier. Le second antipasti proposait de retrouver les franco finois de The Do suivis des suédois de I’m From Barcelona.
La légèreté et l’art de l’être
Comme je ne veux pas être désagréable je ne m’apesantirai pas sur le cas The Do. Le groupe m’ayant déjà fait forte impression dans le bidonnage à la Route du Rock l’été 2008 ce n’est qu’à demi déçue qu’il fallait constater hier soir à quel point ce que propose the do sur scène est léger. Mais attention la légèreté cela peut avoir du bon, dans le côté festif comme le reste de la soirée aura su nous le démontrer. Mais là point de légèreté de la sorte, The Do c’est du léger à la manière « jemenfoutiste ». On sent là le groupe qui pense avoir déjà tout d’un grand parce qu’il a su faire un morceau ayant vite été repéré et matraqué en pub ou en radio, parce qu’il a su se trouver des premières parties alléchantes et faire quelques festivals importants de l’été. Les morceaux se succèdent mais il manque l’essentiel : l’envie sincère de nous faire partager des émotions. On se motive pour prendre tout le plaisir qu’on peut... comme on peut et on s’ennuie ! L’unique signe de satisfaction qui subsiste est de se dire que plus on avance dans la soirée moins de temps ce set (inter)minable va durer.
I’m gonna sing this song with all of my friends...
Alors qu’on est là dans l’entre deux, le moral assez bas d’ailleurs, totalement démotivée par ce concert de the do, qu’on se demande si on va rester, on voit alors s’affairer sur scène quelques pauvres techniciens de la laiterie. C’est que préparer l’arrivée des suédois de I’m From Barcelona n’est pas une mince affaire, ceux-ci évoluant à 15 personnes c’est qu’il y en a des micros à tester, des guitares, des basses, des saxophones, flûtes et autres claviers à vérifier. Sur le côté de la scène on remarque un canon à confettis, un énorme sac en toile grand comme une toile de parachute semblant contenir des choses légères et volantes ... Point final de la préparation d’avant-concert un technicien passe déposer au pied de chaque micro un paquet de confettis rouges.. Le groupe investit la scène et déjà on hallucine quand on ne les jamais vu en vrai. Il y en a pour tous les goûts : entre une sorte de gothique tout droit sorti d’un épisode de la familleAdams, des femmes au look indéfinissables, lunettes à hublots et robe moulant des bourrelets décomplexés. Des hommes barbus, d’autres sosies de Georges Michael période Wham, des « monsieur tout le monde » ... nos yeux ne savent plus où regarder tant on se croirait au milieu de personnages de Delicatessen. Nos 15 gentils organisateurs d’une soirée plus que festive prennent donc place le sourire aux lèvres, cela nous change de certains écossais fans de zidane qui nous engueuleraient presque d’être présents à leurs concerts ! Le leader des I’m From Barcelona nous explique qu’ils débutent là l’un des premiers concerts de leur nouvelle tournée et qu’ils joueront donc un grand nombre de morceaux inédits du futur album Who killed Harry Houdini ?. Que ce soit avec “Andy”, “Music Killed me”, ou plus tard “Ophelia” , “mingus” et quelques autres, les nouveaux titres sont vraiment efficaces et sied à merveille à cette festivité nordique si chaleureuse. On ne comprend pas forcément quel est le rôle de chacun sur la scène même si contrairement à un groupe comme Architecture In Helsinki chaque membre ne joue pas aux chaises musicales durant toute la soirée et garde sa place durant tout le concert. « Garde sa place » enfin garde son poste car question place cela déménage et dès le premier titre.
Les membres de I’m From Barcelona n’ont pas leur pareil pour mettre tout le monde à l‘aise, ils avancent près du public tout sourire, nous invitent à gesticuler, à chanter avec eux... Le canon nous bombarde sans cesse de gros confettis rouges, ils nous envoient des ballons baudruches et la laiterie se retrouve alors noyée entre confettis rouges et ballons volants dans les airs. Au bout de quelques instants de concert nous n’avons déjà plus vraiment l’impression d’assister à un concert d’indie rock mais de participer à une fête énorme entouré de tous plein de copains. Les idées déprimantes se sont envolées, sans doute capturer, par les gros ballons rouges qui virevoltent sur nos têtes. On saute dans tous les sens, on pogote gaiement au son des tubes plus anciens comme “we’re from barcelona” Le groupe entame hélas, déjà le dernier titre de la soirée “barcelona loves you” et un peu comme les Teletubbies Lalaet tinky Winky qui adorent faire de gros câlins à tous les bébés de la planète, les suédois ne nous quitteront pas sans nous avoir dit à quel point ils nous aiment et c’est sur des « we’re all in love with you » répétés à l’infini que s’achève une soirée des plus réjouissantes. Les morceaux de I’m From Barcelona ne resteront pas dans les annales du rock indé des années 2000, ils ne révolutionneront pas les courants musicaux existants mais les prestations scéniques du groupe resteront sans doute rarement égalées. Rares sont les groupes avec une telle énergie et surtout une réelle capacité à faire passer toutes ces émotions positives que sont la joie et la bonne humeur.

jeudi 21 août 2008

Festival La Route du Rock 2008


Route du Rock 2008 - Saint-Malo -14, 15 et 16 août 2008

18 ans

âge de la majorité, des premiers envols, des premières résignations mais aussi des grands défis. Pour la Route du Rock cette édition 2008 était un grand défi : à quelques semaines du début du festival, François Floret (directeur de la Rdr) lançait encore un appel au secours aux dons et aux futurs festivaliers pour que cette 18ème édition ne soit pas la dernière.
Pour moi c’était une première même si Le cargo !, depuis de très nombreuses années, est un grand habitué de cet incontournable rendez-vous musical estival. Ainsi, pendant que la simple festivalière que j’étais prenais ses repères dans le public du fort, d’autres, grâce à leur Saint-Pass squattaient déjà ce lieu apparemment magique : l’espace VIP et son bar. En tant que pilier historique de ce lieu parallèle notre très cher air reprenait lui ses marques au milieu de la foule people de la scène indé. C’est comme cela sur Le cargo !, il en faut pour tous les goûts : des qui se dévouent pour infiltrer le milieu à coup de mojitos et autres punchs (et bossent un peu quand même : sessions, photos ...) et d’autres qui suivent avec une sobriété stupéfiante ce qui se passe sur le devant de la scène et au cœur du festival. Petite particularité cette année, le nombre important de personnes de tout horizon accréditées de pass-photos. Pour certains groupes comme The Breeders, il semblait falloir jouer des coudes pour se faire une place et tenter d’obtenir un cliché sur lequel ne figure ni l’épaule, ni l’oreille ou la tignasse d’un confrère photographe.

Quelques grains de quartz et la jolie Nina

A peine débarquée du train jeudi après-midi, direction la plage FNAC. Alors queO :liv termine à peine sa session mix, vient s’installer sur la petite scène une timide jeune femme : Nina Nastasia. L’originalité est de suite frappante : une jolie fille avec une voix entre Cat P. et P.J. H. qui nous interprète à la guitare des morceaux folk... Des années qu’on n’avait entendu pareille chose ! On se dit qu’on a drôlement bien fait de traverser la France d’Est en Ouest pour assister à une telle découverte. Les morceaux de Nina sans être révolutionnaires s’écoutent pourtant avec délice, allongés sur le sable, les yeux fermés, le soleil nous caressant doucement le visage.

Allons-y, let’s go !

Le temps de tester la navette Saint Malo - Fort Saint Père, de récupérer à mon poignet mon saint graal à moi et de croiser air et ses amis, voilà sur scèneThe War On Drugs qui ont la lourde tâche de débuter la série de concerts au Fort. Mes quelques appréhensions concernant le groupe sont vite envolées. Je craignais une musique folk country des plus gnangnans, le côté rock est nettement présent, les morceaux s’enchaînent et “taking the farm” est tout aussi entraînant en live que sur Cd. Alors, même si le chant parodie parfois un dylande superette l’ensemble laisse un souvenir plutôt plaisant.

Not on my shoulders, please !

Prennent ensuite place The Dø ou plutôt devrait-on dire The Bins. Depuis le début ce groupe a un côté canada dry très agaçant : une sorte de « ça ressemble à...., ça a le goût de...., le son est comme .... » mais en creusant un peu c’est vite plat et très décevant. Ce n’est ni la batterie assez fantastique (je parle de l’effet visuel là) ni le joli minois de la chanteuse qui impressionne sur scène. La prestation reste sympathique sans toutefois nous laisser le sentiment que l’on tient là l’une des découvertes musicales de l’année comme beaucoup le laissent entendre ces derniers mois.

Z Z Z Z Z Z Z Z Z Z Z , RRRRRRRR ...

Après l’imposture Dø place à la grande classe avec Tindersticks et son ensemble à cordes. C’est là que se crée le schisme au sein des festivaliers : avec d’une part les fans absolus de Stuart Staples et ceux qui sont à tout jamais rebutés par son style musical neurasthénique. Drôle d’idée d’ailleurs d’avoir inclus Tindersticks dans cette première soirée. Alors, pendant que certains écoutent religieusement ce que le bon sens qualifie de très chiant, d’autres préfèrent fantasmer m’imaginant en alpiniste, juste vêtue d’un body moule-fesses, un piolet à la main... un seul mot d’ordre s’impose alors : « Fuyons les relous !! » (celui sur scène et ceux du public).

Ahooh Ahooh Ahooh Ahooh Ahooh Ahooh

Afin de rester dans la thématique « peut-on vieillir et rester rock & roll ? » on assiste ensuite au set des the BreedersKim et Kelley Deal sont de retour et on ne peut pas les rater, quelques kilos en trop, un look rock façon paroisse Sainte Anne. On craint le pire. Étonnamment ce fut l’un des concerts les plus énergiques au niveau du public. Au son de “Aloha” ou de “Cannonball” nous ne sommes plus en 2008 mais bel et bien de retour au début des 90’s à sauter dans tous les sens. Passés ces moments de joie nostalgique, la douche froide débute. Elle ne sera pas écossaise mais espagnole ! Bon sang de bonsoir n’avais-je pas évoqué dans la chronique de Mountain Battles l’effet désastreux qu’aurait “Regalame Esta Noche” interprétée en live ?? Ce fut non seulement mauvais mais carrément insupportable. Ce ne sont pas les traits d’humour des sœursDeal qui enlèveront ce goût un peu amer d’un set qui fut à la fois un mélange du meilleur comme du pire.

L’explosion et la fougue maîtrisées

Les Cold War Kids sont californiens, ils sont jeunes avec une belle hargne et nous proposent un concert impeccable. La surprise est vraiment excellente, et même si l’ensemble faiblit un peu sur le milieu de la prestation, la qualité de l’interprétation de Nathan Willet et ses quelques passages au piano donnent une dimension magique à un set qui restera l’un des plus soignés de cette Route Du Rock.

Foals en folie

Les jeunes anglais de Foals devaient achever cette première journée du festival et ce fut transcendant. On m’avait dit Foals c’est extraordinaire sur scène, déjà leur album Antidotes est une pure merveille tant par sa complexité au niveau des influences et par les interprétations intenses de Yannis Philippakis. Très bien produit par David Sitek (qui est quand même capable de très belles choses malgré son désastreux travail avec Miss Scarlett), les morceaux de antidotessont tous d’une efficacité impressionnante. Sur scène le groupe est bluffant, on a tenu jusqu’à 2 h 50 pour les voir sans aucun regret, leur set pourrait durer encore des heures on ne s’en lasserait pas. Ce fut la claque musicale et scénique de la première journée pour ne pas dire la claque du festival.

Une expérience inoubliable

Cette première soirée s’achevant sous les meilleurs hospices, retour sur Saint Malo en navette (très bonne organisation des navettes pour les retours de concerts d’ailleurs) Les morceaux de Foals encore en tête, je discute avec un malouin pur cru. Après m’avoir proposé de tester son concept révolutionnaire du duvet bien moelleux qu’il place délicatement sous le drap housse de son matelas pour des moments tendres et coquins inoubliables, l’énergumène breton me confiera que cette 18ème édition du festival s’est montée grâce à des économies de bouts de chandelles, la mairie ayant gracieusement prêté le site, des techniciens acceptant d’être beaucoup moins payés et le nombre de bénévoles ayant été augmenté. C’est vraiment l’avenir du festival qui se joue sur ces trois jours. il reste à espérer que les bonnes surprises musicales du premier jour seront de bon augure pour la suite.

Tout n’est pas si facile

La deuxième journée de la route du rock est déjà bien entamée et une belle soirée en perspective s’amorce avec un démarrage des plus alléchants entre No Age et Why ?No Age m’ayant fait très forte impression sur disque impossible de les rater ! C’est donc avec belle avance sur le meilleur horaire que me voilà devant le palais du grand large afin de prendre une navette direction le fort. Et là..... surprise ! Les festivaliers se sont tout simplement multipliés comme les petits pains de jésus. Ils ne sont plus une trentaine à attendre la navette magique comme la veille mais bien 150 ! Je me mets dans la file, un premier car arrive, des festivaliers montent (sans moi évidemment les cars n’ayant pas une capacité d’une centaine de places !) pourtant la queue ne me semble absolument pas rétrécir. Au diable la discipline et le respect des autres, c’est juste bon à être enseigné à mes élèves tout ça, pas question de rater No Age ! Je filoute, me faufile et me voilà aux premières places de la file, bien heureuse de pouvoir observer tous les pimpins restés derrière moi qui ne sont pas prêts eux à rentrer dans la navette qui approche (après une bonne demi-heure d’attente). Mais c’était sans compter sur un car du 3ème âge qui se plante juste devant moi ! Si bien que la navette rdr coincée à l’arrière ouvre ses portes dans lesquelles s’engouffrent tous les pimpins de derrière.... sans moi ! La situation devient alors problématique : où me positionner dans la file pour être sûre de prendre la navette suivante, c’est que mon avance se réduit dangereusement... La chance existe, je l’ai rencontrée, elle avait le doux visage de notre excellent photographePY et de Ethel (officiant pour le festival à coup de polaroïds). Ils me proposent alors un très intéressant plan à trois auquel je ne résiste pas ! (à l’arrière d’un taxi, tout ça quoi...)

Mais où sont donc passés les No Age ?

No Age débute son set au Fort Saint Père et je suis là !! .... Hélas je suis là. Ce sera sans doute ma plus grosse désillusion du festival. La prestation des californiens est plus que décevante. Le son produit est pire que mauvais. Sur disque il y a bien cette saturation, cette musique distordue, un côté très bruitiste donnant une atmosphère irréelle et psychotique : c’est vraiment divin à écouter. Sur la scène de la rdr il faut tendre l’oreille et faire preuve d’efforts surhumains pour essayer de deviner de quel morceau il s’agit, la voix est quasiment inaudible. C’est très décevant, frustrant il n’y a pas d’autres mots car le potentiel du groupe est là, les morceaux sont très bons, les garçons motivés, il manque juste un peu plus de rigueur pour apporter le minimum de qualité qui aurait pu rendre ce set fort agréable et présenter une prestation qui tienne la route ... du rock (mouarf !)

Maître Yoni et les padawans festivaliers

Le grand écart se produit sur scène avec l’arrivée de Why ? La prestation du groupe de Yoni Wolf est impressionnante, une qualité sonore irréprochable, une interprétation impeccable des morceaux la plupart extraits de alopecia.Why ? cela reste en live quelque chose de très carré et paradoxalement l’atmosphère qui s’en dégage est assez déjantée. Comme quoi les artistes les plus fêlés et créatifs du rock indé savent aussi être très doués dans la qualité et la rigueur de ce qu’ils peuvent présenter en live.

Cela restera un grand mystère...

Les allemands de The Notwist investissent le fort et là va se produire un phénomène des plus inexplicables. Ce groupe découvert tout récemment avec son dernier album The Devil, You + Me m’avait fortement déplu : les morceaux m’ayant de suite paru très plats, aucune émotion, aucune force ne se dégageant de tout ce que j’avais pourtant écouté attentivement et réécouté maintes fois. Les voilà donc sur scène et j’ai vraiment du mal à croire qu’il s’agit là des mêmes personnes qui sont à l’origine de cet album raté. Les morceaux proposés sont époustouflants, le groupe se révèle complètement dans l’interprétation live : le tout mou fait place à l’entraînant, les ballades déprimantes se transforment en envolées électroniques aériennes et quasi psychédéliques. Le chant de Markus Acher ne consiste plus en une succession de complaintes désolantes mais devient tout simplement envoûtant. Cela reste bien mystérieux et l’un des meilleurs concerts du festival.

Du festif délirico-islandais

La scène prend ensuite des allures particulières : de gros ballons (ou cocons) blancs sont installés avant l’arrivée des plus illuminés des islandais Sigur Rósqui seront accompagnés d’un orchestre immaculé et des jolies jeunes filles deAmina. Alors .... comment dire... heu... Sigur Rós c’est .... Sigur Rós ! On adore ou on déteste. On observe cela du coin de l’œil, sourire ironique au bord des lèvres ou on entre dans des transes indéfinissables proches de l’adoration pour ces petits génies de la scène islandaise. Quoiqu’on puisse penser de ce que vaut le groupe, tout le monde s’accorde sur la qualité du show proposé, et malgré quelques mollesses par moment, des effets de voix qui ne sont pas du meilleur goût, le spectacle est là et s’achève par des jets de confettis grandioses.

Tenir, tenir, tenir !

Sigur Rós aura un peu assagi l’ambiance du Fort et il faut lutter pour déjà tenir jusqu’à Pivot, surtout que la motivation de voir les bordelais d’Adam Keshersur scène en clôture de la soirée est bien tenace. A coups de cafés et de tentative de discussions (on va plutôt parler d’échanges !) avec des être plus ou moins alcoolisés on arrive ainsi au début du set des australiens. Et là, nous sommes nombreux à craquer face à l’electronica de Pivot : mélange de bandes sonores électroniques et de musique d’ambiance. Quand il est 1 h 30, après avoir vaincuSigùr Ros, le froid, l’attente, Pivot nous achève et anéantit même les motivations les plus résistantes. Je fuis lâchement le site avec de gros regrets pour Adam Kesher. Le lendemain j’apprendrai que nous fûmes très nombreux à déserter durant le set des australiens. Reste à espérer qu’il y aura eu encore quelques courageux pour écouter les bordelais et que leur public ne fut pas simplement constitué d’un ramassis de zozos en train de cuver les tonnes d’alcool ingurgitées dans la journée.

Cet homme-là, il est terrible !

Les organisateurs ont eu l’excellente idée de proposer en plus des concerts du fort, de ceux de la plage et de ceux du palais du grand large (auxquels je n’ai pu assister faute de ...) une conférence sur l’histoire des musiques électroniques de 1917 à 1983Christophe Brault proposait de nous raconter les premiers émois électroniques du début du XXe siècle, depuis l’invention du Theremin, en passant par Pierre HenryJohn CageKraftwerk jusqu’à New Order. Le sujet est déjà attrayant qu’on n’y connaisse rien comme moi ou qu’on soit un habitué de l’électro ; la conférence fut au-delà du passionnant. Christophe Brault possède ces grandes qualités qu’ont les meilleurs professeurs : cette envie de donner, de faire partager ses connaissances mais c’est aussi et surtout un passionné et comme tous les passionnés il sait captiver pendant près de 2 h 30 tout un public, même sur l’histoire des tchic tchic tac boum, sur les scratchs, les boucles et autres collages musico-bruitistes. Cette rencontre dans ce lieu à la vue magnifique, restera l’un des moments les plus réussis de cette 18ème route du rock.

Jeunes, talentueux et fougueux

Retour au Fort pour cette ultime soirée avec pour commencer Menomena qui faisait parti des trois groupes que je ne voulais pas rater lors du festival. Un peu refroidie par la découverte live de No Age la veille, la peur de devoir subir une nouvelle déception, j’avais mis un petit bémol à l’enthousiasme suscité par des semaines d’écoute intensive de Friends and Foe. Car Menomena sur album fascine vite les auditeurs les plus pointus : on tient là une multiplication de pistes musicales, une batterie puissante, des claviers, du saxo, des constructions mélodiques assez déroutantes et des voix qui séduisent immédiatement. En fait sur scène c’est tout cela et bien plus encore : la jeunesse, la fougue des débuts, la puissance, la hargne d’un batteur déjanté, le charme d’un bassiste saxophoniste et des chants qui se posent délicatement... La fin du set avec un “Evil Bee” hypnotique témoigne du potentiel génial et énorme de ces trois garçons. A suivre absolument !

Intermède Musical

Pour ce troisième et dernier soir de concerts au Fort Saint Père, s’était joint auxMagnetic Friends lors des sessions inter-concerts , l’inratable Luz(dessinateur entre autre à Charlie Hebdo). Les incultes du mix (les comme moi) pouvaient se dire que luz ou pas luz, quelle différence ? Un mec qui passe des disques reste toujours un mec qui passe des disques, la belle affaire ! Au royaume des incultes, je suis la reine ! Luz aux platines c’est impressionnant dans le choix des morceaux proposés mais aussi dans l’agencement de ceux-ci : du grand art et un plaisir tel que du coup on trouve que les concerts reviennent un petit peu trop vite ! Magnifique Luz dont la guest présence ce soir là était plus que méritée !

Les quat’zamis sans leur amie

Voilà que débarquent devant nous les baroudeurs de la scène indé française, anciens petits lapins, nouveaux cowboys, ce sont eux , oui eux les vrais de vrais, en chair et en os ...The French Cowboys. La classe totale entre un stéphaneaux charmes étranges, un Gaétan petit surdoué de la vidéo toujours charismatique, eric qui sait manier délicatement la baguette et tous ses autres gadgets d’homme batteur et un federico à la casquette impeccable et d’une sympathie forcément contagieuse. MAIS VOILA ! Il manque quelqu’un bon sang, on aurait bien voulu la voir et l’avoir Lisa. Cette merveilleuse lisa qui partage si agréablement leur dernier album Share Horses. Mais point de Lisa et donc à part un morceau “sleep baby sleep” tout récent il faudra nous contenter d’anciens titres. Beaucoup ont trouvé leur prestation exceptionnelle, pour ma part j’ai eu le sentiment de quelque chose de bien trop sage ou trop propret. J’avais en mémoire un concert au point éphémère beaucoup plus délirant. Alors était ce à cause de l’accident de scène de fédérico la veille ou des préparatifs de leur future tournée triomphante aux States mais ils m’avaient l’air un tout petit peu absents mes french cowboys ce samedi soir.

Taste of chemistry ..... chemistryyyyyyyyyyyyyy !! !!!!! !!!!!

Les cowboys français partis c’est au tour des belges hawaïens de prendre place. 3ème concert des Girls In Hawaii auquel j’assiste en quelques mois, le groupe est un des plus attendus par les festivaliers présents ce soir là. Petite déception d’avant concert, des soucis techniques ne permettront pas au public de voir sur grand écran les vidéos qui accompagnent les différents morceaux du groupe (c’est bien dommage... pour en avoir profité à Strasbourg ce sont des petits bijoux de réalisation et de poésie). La prestation des six garçons est une nouvelle fois magique, les belges nous proposent les morceaux extraits de leurs deux albums ainsi que quelques inédits comme l’hypnotique “Grasshopper”. Girls In Hawaii semble prendre une belle assurance au fur et à mesure que sa tournée avance depuis l’automne dernier. Le set est très bien construit, soigné et les morceaux mythiques comme “Flavor (chemistry)” sont encore une fois proposés dans des versions inoubliables. Le genre de versions live d’un morceau qu’on adore écouter et dont on souhaiterait qu’elle ne finisse jamais.

La musique de djeuns

The ting tings est un duo anglais au succès commercial incontesté. C’est un peu comme ces friandises acidulées, on sait que la qualité gustative laisse à désirer, que ce n’est là que pour attirer quelques chalands en crise hypoglycémique. Et pourtant on se plait à se délecter de quelque chose qui ne nous procurera qu’un plaisir éphémère, mais du plaisir quand même. Sur la scène de la route du rock Katie White et Jules De Martino sont l’incarnation vivante de mes sucreries préférées. Ils nous proposent une succession de morceaux légers, entêtants, très dansants et l’ensemble est tout simplement très plaisant. C’est jubilatoire, sans prise de tête et vraiment l’idéal à écouter et à voir à ce moment là du festival.

Sans commentaire

C’est au tour du groupe Poni Hoax d’arriver sur scène. Contrairement au duo précédent, ces parisiens ont l’air de se prendre très au sérieux. Mes impressions au final seront un mélange de bof, mouai... pas le bon lieu pour une première rencontre peut-être ? ce n’est pas spécialement mauvais mais impossible de rentrer dans les morceaux proposés par le groupe. Ce set en laissera beaucoup perplexes !

Pour la sortie : direction galaxy

Midnight Juggernauts avaient eux la délicate tâche de clôturer le festival. Ce trio australien entre rock, électro et pop a su réussir là où Poni Hoax a lamentablement échoué, leurs morceaux un peu déroutants ont su captiver le public encore présent à cette heure avancée de la nuit malgré les quelques petits épisodes pluvieux de la soirée. Et c’est sur ces morceaux galactiques et illuminés que le festival de la route du rock, dix huitième du nom allait bientôt refermer ses portes.

Alea Jacta Est

Par cette locution latine se terminait l’éditorial de présentation de cette route du rock 2008. Le sort en est jeté maintenant en effet. Dès le lendemain matin, quelques organisateurs présents dans mon hôtel confiaient que le défi avait été dignement gagné avec plus de 16 000 entrées payantes : une 19ème édition verrait très certainement le jour.
Au-delà du bilan financier, musical, un festival reste aussi un lieu de rencontres, de moments partagés. Outre les décibels qui résonnent encore dans nos oreilles, on repart avec des souvenirs plein la tête, celui d’une conférence magique partagée en charmante compagnie, de rencontres du virtuel au réel, d’émouvantes retrouvailles, de moments de découvertes pour apprendre à mieux se connaître et surtout des regards et des sourires. Ces tendres regards que l’on n’oubliera pas et ces sourires dont le souvenir nous transporte, l’âme heureuse, vers une rentrée un peu plus morose.

lundi 30 juin 2008

Sigur Rós + Björk - Náttúra Concert, Reykjavik live webcast (28/06/2008)


Be with island this evening
Voilà qu’on s’était prévu une petite soirée tranquille à tenter de soigner le dernier gros rhume angine de l’année scolaire et à faire quelques rangements dans tout son bazar de classe lorsqu’on apprend que l’évènement musical de la journée aura lieu dans quelques heures en Islande. Deux des plus intéressants artistes islandais de ces dernières décennies soit Björk et le groupe Sigur Rósparticipent le soir même à The Náttúra concert : évènement musical dont la thématique engagée est la préservation du paysage naturel islandais. Ce concert se déroule en direct du Jardin Botanique de Laugavegur, tout proche du centre de Reykjavik. Le site web du national géographic propose une retransmission en direct sur le net et moi forcément dans ces cas-là je me dis qu’un tel évènement ne doit pas échapper à notre cargo ! !
Plumes au vent, couronne en carton
Je découvre Sigur Rós en live ce soir dans ces conditions un peu particulières. Il m’est alors difficile de véritablement saisir ce qui est dans ce que je vois, de l’ordre du « normal » dans le folklore « sigur rossien » ou un délire plus poussé liè à cet évènement festif particulier. Entre le chanteur plumes au vent, un clavier portant une couronne des rois dignes d’un bricolage d’épiphanie niveau moyenne section de maternelle. Je découvre, j’observe intriguée et je suis déjà surprise par le nombre impressionnant de musiciens sur scène : entre ceux du groupe aux looks bien étranges pour chacun d’entre eux, quelques jeunes femmes aux tenues étonnantes (avec parmi elles leur fameuse copine Amiina) et puis des chœurs de l’armée blanche, c’est déjà là un bien beau « foutoir ».
Il va falloir être honnête tout de suite, de tous les concerts virtuels que j’ai faits (et ça commence à en faire quelques uns), ce n’est pas celui dont les qualités de retransmission me laisseront un souvenir impérissable. Déjà l’image n’est pas terrible, malgré les multiples caméras présentes pour des plans très larges du site, plans sur la foule, plans de la scène et gros plans sur les différents membres du groupe, l’ensemble reste moyen. Les images tanguent et on bénéficie même des gros lourdingues qui nous empêchent de bien voir la scène ! Comme quoi, même chez soi, le mec qui lève son portable en l’air devant la caméra pour prendre une photo complètement inutile nous enquiquine tout autant que si nous étions sur place. A la différence que là on ne peut ni lui lancer notre fameux regard de la mort ou lui asséner l’air de rien un coup de coude judicieusement placé.
le concert débute par deux premiers morceaux assez soporifiques et parfois carrément insupportables à cause de la voix du chanteur, mais cette voix, quelle voix ..... d’une pénibilité rarement atteinte !! Est-ce en cela que réside ce que certains appellent le charme mélancolique islandais ? Cette voix on va la trouver étonnante 30 secondes mais ensuite il faut sérieusement s’accrocher ... pour ne pas décrocher... Fort heureusement les morceaux suivants sont plus entrainants musicalement, plus festifs et ne sombrent plus dans cette forme de pathos désagréable et presque ridicule. Car Sigur Rós reste tout de même un groupe qui sait poser une atmosphère, donner un héroïsme aux morceaux qu’ils interprètent brillamment et c’est dans ces moments là que la voix du chanteur devient nettement plus intéressante et prend une ampleur qui sied à merveille aux chansons proposées. “Við spilum endalaust” et “Inní mér syngur vitleysingur”, extraits du dernier album (Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust) poursuivront de manière admirable ce set et marqueront vraiment le démarrage du concert des islandais avec une poigne et une pèche qui manquaient cruellement aux premiers morceaux.
Les filles du groupe ont l’air radieuses sous leur robe rose bonbon du meilleur goût, chacun y va de son archet ou de sa baguette sur les cordes de sa guitare, donnant des effets assez détonants, ... mais on est loin de scrape et des délires de Marc Sens à la guitare et à l’archet, là nous sommes plus dans de l’expérimentation baba cool, hippie new age. Et cela reste amusant de les voir s’exciter dans tous les sens avec leurs instruments pour au bout du compte obtenir quelque chose de très gentillet. le charme opère et l’ensemble se révèle même transcendant surtout lorsque l’on est atteinte d’une fièvre tenace. Pourtant, les envies de meurtre resurgissent régulièrement car on a beau faire preuve d’un sérieux mental capable d’endurer les pires tortures, je ne peux pas, je ne peux plus par moment entendre la voix de Jón Þór Birgisson (il faut à un moment balancer les noms .... ça soulage). Les morceaux se veulent épiques, mélancoliques, et ils le sont mais voilà que s’ajoute cette voix qui ne me touche pas, qui ne m’émeut pas.... qui agace ! Par moment nous vient l’envie de hurler des « mais faites le donc taire, achevez le qu’on en finisse vite ».
Comme depuis le début de ce set, le pire alterne avec le meilleur, suite à un morceau qui m’aura autant émue que les préoccupations existentielles d’une huître en fin de vie voilà que débute l’extraordinaire single “Gobbledigook ” avec ..... avec .... l’arrivée de Björk sur scène venue rejoindre tout ce beau petit monde ! Toute de verte vêtue comme un petit elfe taquin , la voilà qui tambourine frénétiquement au côté de ses compères , sautille dans tous les sens et hurle gaiement aux gré des « lalalalalalalala » de ce single très réussi de ces surprenants islandais.
On se rend compte que pour la plupart des morceaux des Sigur Rós, les entrées en matière laissent souvent à désirer et que c’est sur le milieu et le final que le groupe se transcende. Pour apprécier les morceaux de ce groupe la patience semble de mise. Ce premier concert s’achève sous un soleil « nocturne » radieux.
L’entre deux sets sera composé de quelques vidéos montrant les richesses géologiques, botaniques et faunistiques d’un des endroits les plus fascinants et les plus fragiles de notre planète qu’il convient absolument de préserver. A cet intermède s’ajoute une attente interminable précédent l’arrivée de la star islandaise sur la scène du jardin botanique.
L’éternelle petite princesse au petit nez retroussé
Björk ce fut d’abord the Sugarcubes avec ses “Birthday” et autres “Deus”, puis s’en est suivie cette fantastique carrière et ce personnage hors du commun. Elle a su s’imposer au fil des années comme l’une des artistes les plus emblématiques de la scène véritablement indépendante du rock islandais, européen et mondial. La troupe des Sigur Ros étant partie on attend impatiemment l’arrivée de cette dame malice. Et il faudra de la patience !! Problèmes techniques, caprices ? On n’en saura rien mais l’attente sera longue, surtout quand on est au bord d’un craquage physique. Elle arrive enfin dans une tenue toute bouffante multicolore, une sorte d’Elmer qui serait devenu humain, qui serait maintenant une femme, qui causerait en islandais et qui chanterait !Björk porte un maquillage plutôt cocasse au niveau du front : il y a toujours eu chez cette artiste ce mélange de grâce enfantine et de puissance volcanique. Elle est magique, elle est radieuse, heureuse d’être là pour cette cause environnementale qui semble lui tenir très sincèrement à cœur. Elle semble pleine d’entrain, et on devine que le morceau qui débute son set est bon... « On devine » oui car l’arrivée de Björk s’est accompagnée pour moi d’une coupure de son qui est des plus navrantes ! Ce serait mal me connaître que d’imaginer que j’allais baisser les bras face à ce petit désagrément. Ainsi, quelques manipulations plus tard je récupère la totale : image et son ! et qu’est ce que c’est bon , réentendre cette voix si mutine, et voir une Björk toujours aussi jolie et malicieuse derrière ses maquillages multicolores.... Sa voix enchante, berce et chavire toujours autant ceux qui la suivent depuis toujours. L’apogée de sa puissance scénique est atteinte lorsque débute “Bacherolette” toujours aussi majestueux dont on ne se lassera jamais des multiples versions qui existent, ont existé et existeront toujours ...
le set est bon et même excellent, d’une beauté visuelle et sonore fabuleuses .... seulement la fièvre et la fatigue ont raison de moi et lâchement la tête pleine de « i’m a fountain of blood... », je ne peux qu’abandonner ces instants magiques que le net peut nous offrir de façon surprenante.
Cette soirée, pour une cause tellement essentielle, a permis de prouver une fois encore (mais était ce encore la peine ?) que Björk sur scène, cela reste toujours un grand moment humain et artistique. Quant aux Sigur Ros, cette première approche ne fait que titiller encore plus l’envie de véritablement les voir sur scène prochainement...les choses les plus insupportables pouvant se révéler alors plutôt agréables dans la vraie réalité !
En images ultra festives :

mercredi 30 avril 2008

Picastro + Psykick Lyrikah + Experience - Point Ephémère, Paris (29/04/2008)


C’est dans la froideur hivernale d’une journée d’un printemps qui décidément a beaucoup tardé à pointer le bout de son nez brûlant... C’est une semaine avant le concert historique du Bikini à Toulouse marquant le retour sur scène du duo Cloup - Michniak pour un même titre, sans titre... (mais c’est une autre histoire...). C’est dans l’attente de la découverte (pour moi) sur scène d’un des plus audacieux groupes (collectifs..) de rap, hip hop experimental (enfin quelque chose du genre) les Psykick Lyrikah. C’est aussi dans l’ignorance de la délicieuse surprise créée par le trio bosniaque Picastro en ouverture de soirée .... ... que les trois toulousains d’Experience étaient de retour sur la scène parisienne pour la sortie de leur album Nous (en) sommes encore là.

C’est un peu comme picasso avec un str dedans
La salle est quasi déserte quand les trois bosniaques de Picastro se mettent en place, chacun assis avec son instrument : une guitare pour elle, un violon pour lui, une batterie pour relui.
L’ensemble est d’une simplicité, d’un dépouillement désarmant et alors qu’on se dit qu’on va assister à quelques interprétations folkloriques d’Europe de l’est, on va de surprises en surprises. Les morceaux sont d’une beauté nostalgique folle (c’est l’effet violon ça), la voix de madame picastro (la picastra alors ?) est une de ces voix qui accrochent par leur timbre grave mélancolique même si ici elle n’est pas forcément des plus justes ou des plus inoubliables ... elle touche et c’est cela l’essentiel. Belle manière de débuter une soirée plutôt placée sous le signe de toutes les folies.

Je confirme Robert est bel et bien magnifique
C’est étonnant ces sensations qui nous traversent lorsqu’on s’apprête à enfin réaliser un rêve qui nous tient à cœur depuis presque trois ans. Trois années se sont écoulées depuis que j’ai jeté une oreille sur “Mille Bruit” extrait du projet ambitieux des membres du label breton idwet et de la compagnie théatrale l’unijambiste mêlant théatre , musique électro hip hop expérimental. Trois années pendant lesquelles je me suis plongée à corps perdu dans les premières réalisations des Psykick Lyrikah , découvert robert Le magnifique, et suivi Arm dans ses déviances plus rock avec Olivier Mellano à la guitare. En un seul morceau écouté sur une compile inrocks, mon cœur a chaviré pour les mots si poétiques de Arm, ses visions épiques, son flow tellement intense auquel s’ajoutent des orchestrations électro-hip hop de Robert Le magnifique toujours efficaces.
La collaboration d’Olivier Mellano au sein des Psykick Lyrikah plus tard a apporté un côté beaucoup plus noisy rock à l’ensemble. Et là ce soir c’est donc en formation trio que le groupe s’apprête à assurer la première partie d’Experience. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs, Arm ayant participé à l’un des titres du nouvel album des toulousains. Et là voilà , après avoir raté je ne sais combien de concerts des Psykick, de robert le magnifique, de représentations d’hamlet Thème & variations , voilà enfin Arm debout au milieu de la scène, Olivier Mellano sur sa droite et en arrière gauche UnRobert décidemment bien magnifique derrière les platines, sa basse à portée de main.
Passée l’émotion d’assister enfin à une prestation live des Psykick lyrikah, l’impatience et la curiosité montent. Le nouvel album du groupe , vu d’ici, sort le lendemain,et à part un morceau proposé sur myspace et le duo avec Dominique A en écoute sur le podcast d’un webzine ami, on s’attend donc à découvrir pas mal d’inédits dans le concert qui va suivre. “De plein fouet” débute un set intense et passionnant, s’ensuit “Vu d’ici” avec les mots de Arm qui percutent toujours si efficacement. Entre le jeu nerveux de Olivier Mellano, la basse habitée deRobeerrrrrtt quand il ne scratche, scritche, scrutche pas... ou que sais je encore, on en prend vraiment plein les oreilles, et le flow délicieux de Arm ne fait qu’ajouter au bonheur d’être là enfin devant eux. Une belle surprise se prépare lors de l’interprétation de la chanson duo avec Dominique A. On se dit un court instant que peut être le grand Dominique va nous faire une arrivée surprise ... et bien non, c’est Olivier Mellano qui se colle aux délicates parties chantées par monsieur A, et même si Olivier n’a pas le même timbre particulier, il s’en sort admirablement bien ! Les morceaux du nouvel album défilent ainsi quand le groupe quitte la scène pour ne revenir qu’en formation duo : Arm -Olivier Mellano (robert n’est plus là, on tentera de s’en remettre, difficilement soit, mais il y a des moments comme cela où il faut savoir faire preuve d’une force mentale exceptionnelle...). Arm, retrouvant Olivier en solo c’est la formation de l’avant dernier album des psykickActe, et c’est tout à fait logiquement que le groupe achèvera son set par le morceau “près d’une vie”.

C’est quoi l’arnaque ?
Après avoir quitté le groupe Experience au Glaz’art en février dernier pour sa première présentation live des morceaux de nous (en) sommes encore là, c’est avec encore plus de plaisir que nous nous apprêtons à les retrouver au Point Éphémère. Le groupe débute très fort, de manière très nerveuse avec “Une larme dans un verre d’eau” et ce sera comme cela pour les 4 premiers titres jusqu’au morceau “les aspects positifs des jeunes énergies négatives”. Ce qui marque surtout c’est une interprétation encore plus rock qu’au concert du glaz’art (et pourtant ce soir là, cela m’avait déjà semblé très intense et nerveux). L’arrivée sur scène de Mary Jane pour interpréter “retrouvée” et “deux” va marquer un moment beaucoup plus doux, une sorte de pause mélancolique avec “Deux”, un morceau qui n’en finit jamais de nous tirer les larmes des yeux, encore plus lorsque son interprétation s’accompagne des regards délicats queMichel pose régulièrement sur la douce Mary Jane. Le groupe retrouve sa formation trio et c’est alors que Michel justement va avoir ces quelques mots qui vont trouver toute leur importance un peu plus tard dans la soirée. S’agissant d’introduire le morceau “Ever Get the Feelin’ You’ve Been Cheated ?”, Michel Cloup fait son petit malin en nous lançant un perfide « heu vous n’avez jamais eu le sentiment de vous être déjà fait arnaquer ? » Et hop ! nous voilà parti dans un trip rock noisy où les trois garçons semblent prendre un pied absolu à jouer ensemble pour notre plus grand plaisir. Le concert se poursuit avec quelques valeurs sûres comme “Des héros”, “de quoi teneir jusqu’à demain” (qu’on nomme aussi le morceau Lisabo). C’est à ce moment là (je ne sais plus quand exactement) qu’un grand classique de la soirée cloupienne a lieu : le problème technique ! quand ce n’est pas la pédale , c’est un autre matériel qui ne fonctionne plus... cela se passe généralement en deux phases : la première c’est une petite gène nerveuse , suivie lorsque le souci persiste par un petit élan d’énervement toujours fort sympathique qui ce soir là se concrétisera en un : « quand je pense à tout le fric que j’ai mis là dedans » ... ce n’était d’ailleurs pas la même personne qui nous avait demandé notre sentiment sur l’arnaque il y a quelques minutes ?? La première partie du set s’achève sur l’excellent morceau “nous (en) sommes encore là”, toujours aussi épique dans son interprétation live. Lors des rappels Arm rejoindra les toulousains sur scène pour une république invisible qui clôturera une soirée bien riche en émotions.
Le concert achevé, les mêmes inconditionnels (membres de la Exp-army et autres) se retrouvent, échangent leurs impressions, les potins diabologoumesques du moment... dans une atmosphère des plus détendues quand l’un d’eux, un dénommé Guikeenan, nous montre la set liste de la soirée ... avec un concert qui aurait dû se terminer par le morceau “la vérité” ! la vérité ? la vérité ?la vérité ?????? mais oui il est extra ce titre avec les chœurs de Francisco, mais on ne l’a pas eu “la vérité” !! Et d’un coup cette parole d’un grand sage me revient en tête ... « heu vous n’avez jamais eu le sentiment de vous être déjà fait arnaquer ? » Hummm si un petit peu sur la vérité !!!
PS : Lors de ce concert aucun vol de maracas n’est à déplorer ... normal on n’a pas vu l’ombre d’une maracas de la soirée !

samedi 16 février 2008

Black Francis - Elysée Montmartre, Paris (16/02/2008)


Cette chronique sera à la hauteur du concert de Black Francis à l’Elysée Montmartre : clair , efficace et surtout concise ! Et tant pis pour ceux qui auraient voulu que je détaille cette soirée en plusieurs paragraphes...
Concernant la première partie, au risque de passer pour une pied nickelée, tout ce que je peux vous dire c’est que je ne suis même pas en mesure de donner le nom de l’artiste ou du groupe s’étant produit. A mon arrivée un peu avant 20 h, les roadies étaient déjà en train de ranger la scène et je n’ai pas osé un honteux : "Mais ils préparent la scène pour la première partie ou ils rangent là ? " sentant bien que j’avais un peu raté quelque chose. Il faut dire qu’en province des concerts qui commencent à 19 h j’ai rarement vu cela.
20 h 30 - Black Francis entre en scène, dans une formation trio, il sera juste accompagné d’un batteur et d’un bassiste dont les compétences n’ont pas été plus bouleversantes que cela. Black Francis fait une arrivée triomphante, lunettes noires, tee shirt manches longues et jean noirs. Il apparaît très motivé, presque heureux d’être là (pour l’avoir déjà vu plusieurs fois depuis 1991 cela n’a jamais été réellement une évidence) et surtout aminci. Erreur fatale ! Ce mirage permet d’ailleurs d’étayer la thèse selon laquelle les vêtements noirs ont un effet amincissant de face et dont l’efficacité minceur de profil reste encore à prouver. Le concert démarre fort : très rock et ça fait plaisir, vraiment plaisir. En effet les errances musicales de monsieur « Frank Black Francis » de ces dernières années faisaient craindre le pire. Le summum du mauvais goût ayant été atteint avec Honeycomb se situant quelque part entre du mauvais folk, de la country à pleurer (pas de bonheur hélas) et une sorte d’americana indéfinissable. L’ancien leader des Pixies a été bien inspiré de reprendre le pseudo sous lequel il évoluait dans cette brillante formation des années 90’s. L’album Blue Finger et surtout le Ep à venir SVN FNGR témoignent qu’il n’a pas perdu toute son âme rock avecFrank Black et qu’un Black Francis toujours nerveux et efficace sommeille en lui. Rien de bien novateur dans tous les morceaux présentés : on se croirait presque 15 ans en arrière avec quelques réminiscences Pixies ou des premiers Frank Black. Ce concert tout comme l’album ne marquent pas une évolution ou une révolution dans la carrière de Frank Black mais plutôt une belle et inespérée renaissance. C’est un bien beau retour aux sources avec des morceaux vraiment efficaces comme “Threshold Apprehension”, “Bluefinger” ou encore le très énergique “Captain Pasty”. Les morceaux du Ep à venir sont très prometteurs également : “Seven Fingers” notamment à la rythmique fort sympathique. Il y a bien eu un ou deux titres un peu en dessous où l’on flirte du côté mollasson de la force rock mais sur l’ensemble du set proposé on a rarement vu Black Francis se démenait de la sorte sur scène, dansant même et du coup suant à grosse gouttes entre chaque titre.
Au bout d’une heure l’homme en noir s’avancera et nous fera tout plein d’au revoir de la main, pour qu’on comprenne bien qu’il s’agit là de la fin du set même si il ne sort pas de scène. En effet Black Francis ne va pas prendre la peine de partir pour revenir et nous propose alors un titre « rappel » qui fera surtout fonction de « rappel du flemmard »... Il est 21 h 40 le concert s’achève sous les regards un peu désabusés des spectateurs. Il n’y aura pas de vrais rappels. Le concert est déjà fini quand à côté de moi un groupe de garçons se posera la question existentielle du moment "Hola, il est même pas 22 h , j’suis trop dégoûté mais on va faire quoi maintenant ?"

jeudi 14 février 2008

Microfilm + Arnaud Michniak + Expérience - Festival des Inaperçus - Glaz’art, Paris (08/02/2008)


Un soir au Glaz’art

C’est un de ces soirs d’impatience, l’impatience de revoir un groupe que l’on n’avait plus vu sur scène depuis près d’un an et demi. L’impatience de d’écouter des titres inédits enregistrés à l‘autre bout du monde. C’est un de ces soirs de curiosité, la curiosité de voir comment se débrouille un groupe qui évolue désormais avec un guitariste en moins. La curiosité de découvrir de jeunes gens mêlant extraits cinématographiques sur des ambiances noisy post-rock ; un peu à la manière de ce qu’on l’avait pu déjà écouter dans les 90’s.... C’est un de ces soirs d’envie, l’envie de revoir un artiste encore en solo avant de redevenir duo. L’envie de réentendre ce set singulier et ambitieux : explosif mélange de vidéos, de sons et de guitares, où se posent des paroles toujours aussi percutantes. C’est un de ces soirs nostalgiques où l’évocation de deux noms nous ramène 15 années en arrière. Et même si on devine qu’il n’y aura pas de « souvenons-nous » , le fantasme des retrouvailles est plus fort que tout.

Un hypothétique Micro-Espoir

C’est au groupeMicrofilm que revenait la délicate tâche de débuter la soirée. A partir d’extraits sonores et visuels de films des années 80, 4 jeunes gens proposent des musiques allant du noisy rock au post-rock. Si j’avais bien aimé la découverte du groupe au travers de leur album Vidéodrama, je dois dire que la salle du Glaz’Art, de par sa configuration et son fort remplissage ne m’ont pas permis d’apprécier les morceaux présentés en live. Trop de monde, visibilité réduite, c’est donc d’une oreille très peu attentive que j’ai suivi le set des poitevins sans pouvoir me faire une réelle opinion sur leurs capacités à transcender le public. A revoir forcément, mais dans de bien meilleures conditions.

C’est le bordel non ?

Il fallait donc rejoindre une place hautement stratégique afin de profiter au mieux du set de Arnaud Michniak. Quatrième fois que je voyais le garçon sur scène depuis son retour solo, avec la crainte que ce soit une fois de trop, qu’une lassitude s’installe. Une appréhension un peu bête puisque lors du concert précédent au Point Ephémère quelques remaniements sur différents titres apportaient déjà une touche différente des premiers concerts. L’ambiance sur place est particulière : une certaine nervosité de toute part. Dans la salle, le monde, l’excitation un peu incohérente de ceux qui espèrent sans doute un « revival » Diabologum et sur la scène la vidéo qui ne démarre pas ou se cadre mal sur l’écran du Glaz’art font qu’il règne une atmosphère plus que tendue. Et histoire de mettre en conditions dès le début du set quoi de mieux que quelques gueulards pour insulter (ou motiver) un Arnaud bien dans le trip survolté de ce qu’il va présenter. C’est le visage tendu, le poing serré sur le micro avec R. qui l’accompagne à la guitare que Arnaud Michniak va enchaîner quelques titres du EP complètement remaniés (et même "re-remaniés" depuis les concerts précédents). Les lignes mélodiques ont fait place à des beats intenses et les parties "chantées" à des textes violemment déclamés. Le morceau du DVD Appel ça comme tu veux(dont je ne sais pas si il a un nom particulier) est présenté avec des extraits visuels et sonores un peu différents (me semble-il), rendant le morceau très puissant et beaucoup plus tendu qu’il ne l’était lors de son interprétation auPoint Ephémère. S’ajoutent à ce set déjà inédit des morceaux travaillés et présentés lors de la résidence poitevine de mi janvier. Il y aura notamment un titre commençant par les hurlements insupportables des alarmes du Confort Moderne. Les interprétations sont intenses, les textes et les images projetées sont toujours autant porteuses de sens : la mise en avant d’une image non formatée de notre société . Il est très intéressant lors de ce concert de noter l’évolution que prend le travail d’Arnaud Michniak, c’est même passionnant de suivre au fil des concerts cette métamorphose : petit à petit on quitteMichniak et on devine Agent Réel qui sera l’identité du toulousain au sein du nouveau Programme. Cette impression me sera confirmée après le concert par l’intéressé en personne. Ce qui laisse croire que les concerts à venir seront encore plus intenses, plus tendus et flirtant avec une expérimentation encore plus complexe. Ce concert fut surprenant voire décevant pour certains qui venaient là pour entendre les morceaux du EP tels quels. Il fut par contre passionnant pour tous ceux qui prennent la peine de se plonger dans ces travaux sur lesquels Arnaud Michniak travaille depuis presque un an et dont les évolutions sont au fil des présentations de plus en plus palpables.

Pour la beauté du geste

Le set de Arnaud Michniak bien (trop) vite terminé. Enfin on allait assister sur scène au retour de MichelPatrice et Francisco mais sans Widy : le deuxième guitariste du groupe ayant quitté l’aventure Expérience à l’été 2006. Dans le Glaz’Art la tension et l’excitation ne retombent pas. L’impatience de retrouver Michel Cloup et son groupe sur scène est belle et bien là s’ajoutant à l’enthousiasme de la découverte, quelques jours plus tôt, du premier single très énergique et très prometteur extrait de l’album à venir . Et ça commence fort, très fort, les nouveaux morceaux se succèdent, on les découvre et on est déjà bluffé. Démarrage fulgurant, guitare en force, sur “Entendre ça”, qui sera suivi par le très bon “une larme dans un verre d’eau” : un morceau qui dès les premières mesures résonne inlassablement en tête notamment grâce à une boucle mélodique qui revient régulièrement. “Il y a toujours une lumière” démarre doucement, calmement mais prend une intensité impresionnante au fur et à mesure de son interprétation pour s’achever sur un final époustouflant. le trio fonctionne vraiment de manière impeccable entre les samples lancés parPatrice, la puissance de la guitare, de la basse d’un Francisco surexcité et la motivation communicative d’un Michel Cloup un peu stressé par moment mais maîtrisant toujours de façon admirable l’interprétation de ces morceaux presque tous inédits. Comme le remarqueront certains, il manque un guitariste et pourtant nous avons l’impression qu’il n’y a jamais eu tant de guitares dansExperience. C’est avec un certain plaisir qu’on réentend des morceaux qui étaient déjà joués en concert quelques années auparavant comme le désormais célèbre et tant attendu sur disque “Ils sont devenus fous”. Ce morceau d’anthologie sera suivi du premier extrait du prochain album : le single “Les Aspects Positifs des jeunes énergies négatives” Un morceau qu’on a tant écouté la semaine précédant le concert qu’on trépigne à chaque note pour se rendre à l’évidence qu’en live ce titre est encore plus énervé.On retrouve avec une grande joie et même un brin de nostalgie “Des Héros” et “La Vérité” qui étaient joués lors de la tournée 2006. C’est d’ailleurs sur le second que Francisco nous montre à quel point il maîtrise les chœurs et sait accompagner avec rage Michel Cloup au chant. Intercalé entre ces deux titres Experience nous propose ce morceau qu’ils jouaient avec les basques de Lisabö : “De quoi teneir jusqu’à demain matin” toujours aussi intense même avec une seule guitare aux commandes. Le set principal se termine avec “Nous (en) sommes encore là”. Le groupe revient pour un rappel sur “La révolution ne sera pas télévisée” en version totalement remaniée avec une rythmique d’enfer et un Patrice qui assure décidemment comme un dingue à la batterie. C’est déjà terminé après plus d’une heure de déchainement très rock des trois toulousains. Et ce n’est pas le fétichiste de la maracas qui a investi la scène pour ses psychodélires qui va nous gâcher le moment présent.
Experience est bel et bien de retour, Experience a des nouveaux morceaux qui déménagent qu’on se le dise. Ce concert restera un bel « hommage aux décibels qui montent du sous sol, aux beats qui tabassent, aux riffs qui craquent, aux lignes de basse qui écrasent le thorax... ». Avec un retour sur scène aussi réussi on ne peut qu’espérer la suite (concerts et sortie du Lp...) pour très vite.

EXPÉRIENCE - LIVE - INAPERÇUS par lesgrandsmanitous