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samedi 14 février 2009

The Wedding Soundtrack - L’International, Paris (07/02/2009)


En toute objectivité.
Ce n’est pas un exercice facile de parler du travail artistique de personnes que l’on connaît, qui plus est, qu’on a connues avant de découvrir leurs œuvres musicales. Forcément, quand on ne vit que sur la nostalgie, en écoutant, en les voyant sur scène on se souvient alors de premières prises de bec, il y a 4 ans déjà, quand au détour de forums XsilencieuxClément me reprochait mon pseudo-mépris envers les artistes inconnus ou d’être l’unique détentrice du bon goût musical. Débats après débats, ce sont bien souvent les personnes avec lesquelles on se querelle le plus qui nous sont en fait les plus proches. Déjà, il évoquait son groupe, The Wedding Soundtrack, qu’il portait quasiment seul à bout de bras et de ce label Another record dans lequel il s’investit tant et qui regorge de jeunes artistes de grands talents.
Puis Mathilde à la batterie et Simon se sont joints à lui apportant à The Wedding Soundtrack un son plus rock que pop antifolk. C’est sous la formation trio que le groupe a sorti l’album Poland qui reçut un bel accueil : la maturité tout ça... Entre temps, Clément est devenu un collègue rejoignant la grande famille du corps enseignant. Forcément, évoquer une connaissance maintenant collègue voilà qui rend l’exercice encore plus ardu. Juste avant la sortie de Na Na Na RoVivien a rejoint le trio et c’est à 4 qu’ils présentent leurs nouveaux morceaux dans ce fort sympathique bar L’international en première partie du concert des Creaky Boards.

Au-delà de la simple amitié

C’était un peu le leitmotiv de la soirée : les amis, les retrouvailles, le temps qui passe, nous dépasse, ce qui change, ne change pas. Les souvenirs, les regrets, les envies qui nous ont quittée, des nouveaux désirs qui sont arrivés. On se raccroche à ces quelques fils rouges qui se présentent à nos pieds, qu’on entend d’une oreille distraite. Il y a là un ami perdu de vue depuis trois ans et le plaisir de découvrir enfin sur scène ClémentMathilde et leurs deux compères.
Alors qu’on pouvait s’attendre, en souvenir des écoutes des morceaux de Polandet de l’album précédent, à une soirée plutôt douce à base de ballades pop folk assez calmes, on se surprend à trouver cela bien hargneux dès le premier morceau. Mathilde assène une rythmique bien nerveuse derrière sa batterie.Clément n’est pas dans le phrasé doux mais dans un chant qui impose une puissance d’interprétation dès ses premières mesures à la guitare. Vivien etSimon ont, quant à eux, une présence scénique fort efficace.
Pas mal de morceaux du nouvel album seront présentés, sur quelques-uns Mathilde apportera ses chœurs ou un chant duo. Pour un premier concert présentant Na Na Na RO, dans un bar de la capitale, les poitevins assurent une excellente prestation provoquant ainsi la fuite des gens depuis le(s) bar(s) jusqu’au devant de la scène. Le set s’achève, trop vite, par la douce “Berceuse” dont la version présentée toute en vigueur sur le final, nous donne plus envie de réclamer tout plein d’autres morceaux que d’aller vite nous coucher.
C’était une belle soirée, émouvante, tendre, et joliment surprenante. On est heureux de voir des amis jouer ; on l’est encore plus quand on constate que ce qu’ils nous ont présenté était une prestation de grande qualité. On est fier et on n’a qu’une envie vous inciter à aller très vite écouter ces quatre là sur album ou si possible en vrai.

jeudi 12 février 2009

Leila - La Laiterie, Strasbourg (11/02/2009)


On aurait... mais non

On aurait eu envie de parler de la fort passionnante deuxième première partie Filastine : projet d’un percussionniste français basé à Barcelone qui sévit sur scène avec un caddy contre lequel il s’excite à coup de baguette sur fond électronique.
On aurait pu s’énerver contre cette troisième première partie qui nous fut imposée avec les simplistes Tahiti 80. Pas vraiment méchants les bougres, mais proposant des morceaux rock pop limite variété détonants pour ceux qui étaient venus voir Leila. On avait vraiment envie d’être patients pour profiter au mieux d’un concert tant attendu qui ne devait, du coup, ne débuter qu’à 22 h 45 (apparemment La Laiterie avait décidé de faire un mix de deux soirées différentes, en proposant deux séries de concerts sur deux salles communicantes, faute de spectateurs ?). Tahiti 80 a fait l’effet d’une douche froide après la prestation tellement réussie de Filastine. Quand l’enthousiasme est plus présent sur scène que dans la salle il y a de quoi se poser des questions. Ils sont gentils ces garçons et on est même très étonné de voir à quel point il peuvent prendre tant de plaisir à jouer... ça ! Quelques minutes de leur prestation auront réussi à mettre à mal la patience pourtant bien motivée d’une grande partie du public venu pour Leila faisant se désemplir la salle club au fur et à mesure qu’approchait le concert de Leila dans la salle adjacente.

Plus tard je ferai Leila Arab.

Voir Leila Arab sur scène c’était une grande première, un vrai concert de musique électronique c’était aussi une grande première. De constater que les platines avaient été positionnées si loin en fond de scène, juste au bas d’un écran géant sur lequel défilaient déjà des animations aux superbes graphismes rappelant la pochette de l’album Blood, Looms And Blooms : c’est étrange.
Le concert commence, on la devine déjà installée dans son antre, on l’aperçoit passant un bout de tête derrière les platines et les énormes enceintes. C’est une très belle femme, qui porte ce soir là une robe verte et un chemisier blanc. Une sorte de madame tout le monde, que l’on pourrait croiser chez le commerçant du coin, avec qui on pourrait parler éducation de nos enfants, du temps qu’il fait. Une dame ! Pas un génie de la musique électronique ! Elle virevolte de gauche à droite, manie les boutons et devient maîtresse du son. Ce son qui envahit alors la laiterie. Le morceau “Mettle” interprété dès le début du set emporte le public présent dans une quasi transe.
Débutant par quelques sons légers, doux, la tension ne cesse de monter. Elle, pourtant si frêle, parvient à imposer dans cette grande salle de la Laiterie toute sa puissance électronique. Nous ne sommes même pas sous son charme ; nous sommes carrément bluffés par les réelles compétences de cette artiste. Viennent se relayer sur le devant de la scène, dans l’interprétation vocale de quelques titres, sa grande sœur Roya Arab qui se montre nettement plus loquace et très à l’aise face au public strasbourgeois, ainsi que deux autres interprètes : féminin et masculin (dont les noms m’échappent pour être honnête).
Pendant ce temps-là, sans dire un mot, Leila est là tout derrière et s’affaire. Elle quitte la scène sur un long morceau qui s’achève en des textes inlassablement répétés. Elle réapparaîtra furtivement juste le temps de se cacher derrière ses platines pour nous gratifier d’un magnifique sourire.
Un peu comme une fée, elle disparaît de nouveau discrètement et définitivement. Elle nous laisse alors des tas d’images magiques qui défilent dans notre inconscient et le doux son les accompagnant qui ne nous quittera qu’au moment de l’endormissement.

dimanche 8 février 2009

Sam Amidon - Le Molodoï, Strasbourg (08/02/2009)



Les surprises les plus belles sont certainement celles auxquelles on s’attend le moins. Après un concert parisien fin 2008 auquel je n’avais pas pu assister, Sam Amidon est de retour en ce début février pour quelques dates en France. Tout à fait par hasard, profitant d’un trou dans la programmation de la tournée de l’américain, L’association Komakino a eu l’ingénieuse idée de convier Sam Amidon ce dimanche soir au Molodoï strasbourgeois.

Dans une ambiance festive et ludique (la journée et soirée étant placées sous le signe des jeux en tout genre) Sam Amidon prend place sur la mini scène préparée à l’arrache au milieu des aires de jeux.

Mais pourquoi diable, malgré un week-end plus que chargé, des enfants à faire garder, passer voir un jeune américain nous interpréter en acoustique d’anciennes chansons du folklore des Appalaches ?

Parce que déjà l’album nous avait beaucoup émus.

Parce que Sam Amidon, en plus d’être un talentueux et attachant interprète, est aussi un personnage complètement loufoque. Devant nous c’est un gentil garçon sage comme une image qui s’installe. Puis au milieu des interprétations se révèle un petit être espiègle : il stoppe net les morceaux, nous narre ses rêves étranges avec une maman devenue naine et hilare, nous fait partager ses découvertes traumatisantes via wikipedia concernant une peste strasbourgeoise. Puis il va poser sa guitare, s’allonger à nos pieds pour réaliser une trentaine de pompes à bout de phalanges.

Il est bien surprenant ce jeune homme. Tout comme dans ses interprétations : il ne chante pas ces histoires qu’il a mises en musique, il les raconte nous plongeant dans un bain de mélancolie et d’infinie tristesse. Sam Amidon mêle la douceur du chant à la malice de son regard et de son sourire. Il nous offre là une parenthèse toute en magie avec des morceaux qui ne perdent rien de leur essence lors du passage seul à l’acoustique.

La beauté, l’espoir et l’envie ont dépassé les époques et les continents. Elles subsistent parce qu’il existe de jeunes poètes capables de nous conter avec talent ces émouvantes histoires.

lundi 2 février 2009

Of Montreal - La Laiterie, Strasbourg (01/02/2009)


C’était un Dimanche...
Et un dimanche en Alsace c’est loin d’être le moment le plus jouissif de la semaine. Quand en plus il fait froid, qu’on a la flemme de pointer le bout de son nez au dehors, il y a de quoi fortement déprimer. Mais c’est sans compter sur les programmations admirables de La Laiterie qui a eu pour ce premier jour de février l’excellente idée de faire venir un des groupes les plus hallucinants du moment. Of Montreal, ceux qui les ont vus sur scène, en parlent toujours des étincelles plein les yeux, le sourire ébahi ou de manière fort passionnée. Of Montreal c’est d’abord le projet de Kevin Barnes qui décida de nommer son groupe ainsi en hommage à une ex-petite amie qui arborait cette expression en tatouage. Personnage fantasque, lui et sa troupe ont pour habitude de présenter en live non pas des concerts mais des spectacles toujours plus surréalistes. A la lecture, chez mes amis du Hiboo, de ce que fut le concert de la veille auBataclan (Chronique de Juliette), l’impatience atteint des sommets au moment de rejoindre la salle strasbourgeoise.
...comme on n’en connaîtra jamais d’autres.
Après les petits illuminés du clavier de Casiokids, leurs sons électroniques et leurs rythmes bien dansants, le show Of Montreal peut alors débuter !
Entre sur scène un personnage au masque de Tigre et c’est parti pour une heure trente de grand guignol. Kevin Barnes incarne une version rock du clown triste : chemises à jabot aux couleurs improbables, yeux cernés de bleu, vernis rouge sur les doigts de la main gauche, chaussures rouges à ruban de petites filles toutes étincelantes... En le découvrant dans ces divers costumes, recouvert de mousse à raser, d’une peau de bête insufflant de la fumée, on hésite entre le risible et la pitié. L’extravagance du leader d’Of Montreal est d’autant plus déconcertante qu’il semble en même temps empli d’une grande tristesse et mélancolie dans ses regards et sa manière quasi automatique de présenter les morceaux. Le groupe démarre fort avec l’un de leurs titres phares : “She’s a rejector”. En fond de salle, sur un écran, défilent tour à tour des vidéos des membres du groupe et des dessins animés babas cool très années 70’s. Dès le deuxième morceau débutent les réjouissances. Tout au long de la soirée vont se succéder des saynètes et la venue sur scène de personnages fort étranges et parfois indéfinissables. Un sentiment inquiétant nous saisit : c’est un peu comme si on retrouvait nos 6 ans, qu’on était devant un spectacle de Chantal Goya mais face à une version gore de Pandi Panda. Entre les cochons, un tigre apparemment méchant, des pauvres gens, un exorciste, des démons noirs, des créatures vaporeuses rouges et j’en passe, il sera difficile de donner une quelconque signification à tout ce qui défile sous nos yeux. On comprend bien qu’il s’agit de l’œuvre des quelques âmes perturbées mais les nôtres ne le sont sans doute pas suffisamment pour donner du sens à l’incompréhensible. Paradoxalement s’opère dans le public un décalage étonnant. Alors que sur scène on rivalise de fantaisie les spectateurs sont d’une sagesse dont rêverait toute maîtresse d’école : pas un ne bouge ! Il faudra attendre le milieu du set et le passage de quelques membres déguisés du groupe pour provoquer une vague de pogos qui ne cessera qu’en toute fin de concert. la folie scénique s’empare alors de la salle de la Laiterie et ne la quittera pas.
Pendant ce temps-là, le groupe (oui il ne faudrait quand même pas oublier que nous sommes là à un concert rock) enchaine la vingtaine de titres de la soirée sans relâche. Quasiment tout l’album Skeletal Lamping sera présenté. Le concert s’achève sur une reprise hypnotique de “Smell like teen spirits” laissant aux spectateurs une impression étrange.
Étions-nous là à un concert ou une sorte de spectacle rock hybride ? Musicalement l’interprétation des titres est loin d’avoir été grandiose. On se demande si Kevin Barnes et ses compères ne cherchent pas à noyer la médiocrité du passage en live de leurs morceaux dans un excès d’effets en tout genre : entre les saynètes, les vidéos, les tenues excentriques de Barnes... on a du mal à rester attentif et à apprécier l’ensemble. Le moment est plaisant : on s’amuse bien mais cela ne restera pas la claque musicale live de l’année : c’est une évidence !