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dimanche 19 avril 2009

Zone Libre - La Laiterie, Strasbourg (18/04/2009)


Autant être honnête dès le départ : le projet l’Angle Mort réunissant Zone libre (formation que nous suivons depuis le début de leur aventure aux frontières du rock torturé expérimental) et les deux stars de la scène hip hop engagée Hamé de La Rumeur et la rappeuse Casey avait bien déçu sur disque. Avec une production bien étonnante quant à la qualité médiocre du son et une désillusion concernant l’alchimie tant attendue de la rencontre de deux mondes musicaux assez disparates, on était bien amer. Pourtant on y croyait fort à ce mélange rock expérimental & hip hop. Et là sur album, on naviguait entre du très bon son et des propos parfois caricaturaux. Une sorte de Zone Libre un peu bradé ou du Hamé / Casey ayant quelques peines à s’élever au niveau des musiciens qu’ils avaient rejoints. Autant dire que la découverte de la formation à 5 sur la scène de La Laiterie, dans le cadre du festival Artefacts 2009, était plus de l’ordre d’une curiosité tendre que d’une folle et impatiente envie de ma part. Déjà, pour avoir assisté à deux concerts de Zone libre, la première surprise qui n’est guère étonnante à bien y réfléchir, concerne le public de la salle. On sent bien que les trois quarts sont des fans d’Hamé et de Casey, rien à voir avec les personnes présentes aux précédents concerts de zone libre. La moyenne d’âge est bien plus basse, les sweat capuches sur la tête font légion et puis, ce qui ne gâche rien, le public des rappeurs est très motivé dans l’attente de leurs stars. Mais tout n’est pas gagné d’avance car ce sont ces mêmes personnes qui se posent mille questions depuis des mois sur ces impies rockeurs qui sont venus s’acoquiner avec leurs deux héros de la rime engagée. Seuls les trois membres de Zone Libre sont sur scène quand le concert débute. Serge Teyssot gay est déjà en belle forme, sautillant au rythme des accords. Cyril Bilbeaud et marc Sens sont beaucoup plus sages, un peu retirés chacun dans leur coin. Hamé et Caseyentrent sur scène et là c’est déjà la folie qui s’empare des fans ultimes des deux rappeurs. Autant dire qu’on est loin d’un concert typique Zone Libre. Les rappeurs ont pris la scène d’assaut et ils ne la lâcheront plus. Les morceaux se révèlent nettement plus efficaces en live que sur album. Hamé reste un peu plus en retrait, échangeant surtout avec son public, limitant ses quelques interactions scéniques avec sa complice Casey. Il est très étonnant ce Hamé, (Hamé de La Rumeur comme on dit dans le milieu). Alors que je m’attendais à trouver là devant moi un rappeur ultra hargneux, c’est un garçon assez touchant dans ses revendications avec un regard souvent triste à la Winnie l’Ourson. En fait celle qui mène la danse et porte le concert à bout de bras et à bout de mots c’estCasey. Cette fille, que je découvre ce soir, est absolument formidable. Déboulant sur la scène dans une tenue complètement asexuée mêlant cuir et jogging, elle porte sur l’ensemble du public dans regards complices, nous lance des sourires rageurs. Elle aussi, tel Sergiot et sa guitare, sautille nerveusement, déclame les paroles des morceaux de l’Angle Mort avec une conviction qui motive la totalité du public. Cette fille est une sacrée meneuse c’est une évidence et une artiste terriblement douée. Une ambiance totalement hip hop envahit la salle et les interprétations de Zone Libre sont largement appréciées si j’en crois les yeux émerveillés posés sur Sergiot et les pouces levés en l’air adressés àCyril Bilbeaud qui se démène de belle manière derrière son instrument. Autant dire que la soirée est assez éloignée du désastre redouté tant le plaisir de Casey est communicatif. Le concert est bon et l’ambiance carrément démente. Pourtant la fan de Zone Libre que je suis reste quand même bien frustrée. L’alchimie des concerts à trois a totalement disparu. A part quelques rares regards entre Cyril Bilbeaud et Serge Teyssot GayMarc Sens reste bien seul isolé dans le coin droit de la scène. Entre les rappeurs et les musiciens aussi, la complicité n’est pas évidente. Mises à part quelques taquineries de Casey envers Sergiot et ses perles de sueurs, les échanges sont inexistants. D’un point de vue musical, la déception est énorme. Quand on a entendu ce que sont capables de faire les Zone Libre dans le côté expérimental, là ils se limitent à des bons riffs rocks, quelques solos rapides de Teyssot Gay : un bon accompagnement rock sans plus. Si Marc Sens a bel et bien emporté sa perceuse sur scène je n’ai aucun souvenir de l’avoir vu s’en servir. Tout ceci donne surtout la désagréable impression d’assister à une soirée Hamé,Casey & son orchestre. J’aurais aimé qu’il y ait un mélange de morceaux hip hop rock mais aussi qu’on se laisse le droit de naviguer vers des plages plus expérimentales dans lesquelles excelle Zone Libre. Mais peut-être a-t-on eu peur de trop de destabiliser les fans des rappeurs qui déjà devaient digérer la pilule orchestration rock. Reste à espérer que ces premiers essais scéniques ayant été transformés, le groupe proposera, lors de la ribambelle de festivals auxquels ils vont participer cet été, des tentatives plus intrépides vers les contrées expérimentales.

samedi 4 avril 2009

Ghinzu - La Laiterie, Strasbourg (01/04/2009)


OTAN suspend ton vol
Dans une ambiance plus que survoltée (pour cause de sommet de l’OTAN), un de ces jours où les farces sont de mises, Strasbourg attendait au pied levé l’arrivée des belges pour leur toute première date de concert dans l’hexagone.
Cette soirée fut bien placée sous le signe de la blague mais de la mauvaise blague. Déjà lorsque le public a découvert, dans la salle de la Laiterie, la mise en place d’une fosse avec barrières de protection : 1 m de large sur la vingtaine de mètres le long de la scène : étonnant. Surtout pour un groupe comme Ghinzu ! Même si je découvrais les belges sur scène ce soir-là, je n’avais pas le souvenir d’anecdotes quelconques concernant de graves incidents survenus lors de leurs précédents concerts.
O.T.A.N. oblige, il m’avait semblé plus sage d’arriver très tôt, à l’ouverture des portes, pouvant ainsi apprécier pleinement la spiritualité du fan de base de Ghinzu : "Ohhh mate le bus qu’ils ont, oh oui c’est bien leur bus il est immatriculé en Belgique ! ", "oooooooooh ils vendent même des tee-shirt".
Alors que le concert Parisien se tenant deux jours plus tard avait vite affiché complet, la Laiterie est à moitié remplie lorsque prennent place les deux jeunes hommes de The Black Box Revelation qui assurent la première partie de la soirée. Et on peut dire qu’ils se démènent les garçons, entre rythmique bien nerveuse et un guitariste survolté : on ne s’ennuie pas une seconde. Les morceaux sont vraiment bons et l’attention ne retombera pas. Il n’y a pas à dire mais la simple association batterie-guitare-voix se révèle parfois mille fois plus efficace que tout un assemblage musical tortueux. En voilà deux qu’il convient de garder dans un petit coin de sa tête.
Pour jeunes gens de bonne famille
On prépare alors la scène en vue de l’arrivée des Ghinzu, le public est assez hétéroclite, pas si jeune que cela, pas si rock que cela non plus. La perplexité fait place à la curiosité lorsque l’on découvre une sorte d’assemblage de néons et de miroirs aluminium un peu pourraves en fond de salle il faut le reconnaître : un peu comme si on était devant la maquette carton pâte d’un concert de Nine Inch Nails ! Oubliant vite les aigreurs du moment, nous voici face à nos belges tout beaux dans leur costume avec une classe terrible derrière leur grosse lunette noire. En fait de classe cela fait vite péteux, dans leur gesticulation, leurs mimiques bizarres. Ils sont sur scène depuis 5 minutes à peine et John Stargasm m’exaspère. je n’en peux plus de son cinéma, de ses « montrages » du doigt et de ses sourires mielleux. Les autres ne convainquent pas plus dans la sincérité de leur jeu et ce ne sont pas quelques effets stroboscopiques du pauvre qui rendront le moment inoubliable. Chose étonnante, la salle n’est absolument pas réceptive aux morceaux proposés par le groupe. C’est d’autant plus surprenant que Ghinzu symbolise l’archétype de ce que l’on appelle une bande à groupies. Personne ne bouge de plus de 10 cm et paradoxe suprême, alors que dix jours auparavant je n’avais jamais écouté le groupe, je passe pour leur plus grande fan dans la salle. Il n’y a que moi pour reconnaître les titres de mirror mirror et me secouer gaiement sur chacun des nouveaux morceaux du groupe. De là vient sans doute la mauvaise ambiance de ce début de soirée, l’album sortait la veille, et tous ne sont pas des pirates du net et n’ont pas pu réviser leur nouveau Ghinzu avant de venir au concert. D’autant plus que le son ce soir-là n’est pas des meilleurs et que les versions live sont assez décevantes comparées à celles découvertes sur l’album !
Heureusement pour les groupies de base, quelques anciens succès vont être joués et seront vite reconnus, comme le merveilleux The Dragster Waves. La laiterie se réveille enfin, passe plutôt de l’état d’endormissement total à celui de la somnolence. Dans un moment de surexcitation intense va se produire devant moi le pogo le plus ridicule que je n’ai jamais vu : si quelques corps se sont effleurés lors de ces tentatives hasardeuses de « remuages » sauvages cela aura déjà été énorme. C’est là qu’on se dit qu’ils ont vachement bien fait de mettre une fosse de protection dans la salle. Savoir si un fou furieux, fan des belges, n’aurait pas tenté une petite escalade de la scène pour un saut à pied joint de 80 cm de hauteur ! Pfiououououou nous avons échappé au drame !
Au fil de la soirée, entre quelques bavardages et rigolades, le chanteur de Ghinzu apparaît beaucoup plus sympathique et a perdu toute cette prétention qui accompagnait son arrivée. Le groupe quitte la scène après un numéro de striptease qui nous permettra de nous rincer l’œil sur les fesses du guitariste chevelu pendant 5 bonnes minute. Retour sur scène pour un premier rappel etJohn Stargasm annonce alors le morceau “mine” dans une nouvelle version : une version indus. AH voilà !!!!! l’aveu enfin, non je ne suis pas paranoïaque, ces néons, ce cinéma de mise en scène, on veut se la faire indus façon Nine Inch Nails ou pire façon nouvel Indochine !?! De manière parfaitement objective cette reprise n’est indus que dans les rêves de John Stargasm. La soirée s’achève devant un parterre de jeunes hommes et jeunes filles de bonne famille apparemment satisfaits de leur concert.
Ghinzu débutait là leur tournée avec un album à peine sorti, c’est un fait. Ensuite il se peut que le groupe ait eu la tentation de se reposer un peu sur ses succès live précédents et se soit en quelque sorte démotivé pour ce début de tournée. Les belges possèdent un beau répertoire de nouvelles chansons (“take it easy”, “Kill the surfers”...) mais cela ne suffit apparemment pas. Il va leur falloir confirmer sur les dates suivantes et pas seulement nous faire profiter de leurs jolis fessiers !