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vendredi 28 mai 2010

Band Of Skulls - La Laiterie, Strasbourg (26/05/2010)



Je passerai sur les péripéties liées à mon arrivée et mon entrée dans La Laiterie. Le trio anglais Band Of Skulls achève ce soir-là une tournée européenne débutée il y a déjà plusieurs mois. En 2009 leur premier albumBaby Darling Doll Face Honey a reçu un accueil assez enthousiaste, le groupe étant rapproché de formations comme The KillsBlood Red Shoes et autre tueries rock gras du moment.
Après une préparation de scène fort minutieuse ou plutôt laborieuse, le groupe débute son set devant le public de la petite salle Club avec une grosse demi-heure de retard. Autant être honnête : cette soirée ne sera pas des plus mémorables passées dans cette salle depuis le début de l’année. Évidemment, il y a encore quelques jours comme nous étions nombreux à vivre dans ce même endroit un concert de Liars phénoménal, la prestation un poil classique des rockeurs fait bien pâle figure. Déjà le groupe ne joue qu’à peine une heure (rappels compris) et la setlist est grosso-modo la tracklist de l’album. Pas véritablement surprenant comme concert. Russel Marsden nous explique qu’il s’agit là de leur toute dernière date, on sent bien que le groupe a surtout envie de vite en finir. Les morceaux s’enchaînent gentiment et s’écoutent quand même avec plaisir puisqu’à la base ce sont de bons titres. Les parties à la batterie restent assez décevantes. Alors qu’il s’agit là d’un des atouts du groupe sur album, on s’attend à entendre une rythmique ultra-énergique, ce qui, hélas, sera rarement le cas en cours de soirée. On ne peut pas qualifier Band Of Skulls de mous du genou pourtant une petite pointe de folie et une bonne dose d’inattendu apporterait très certainement un plus considérable à leurs prestations. Le public relativement jeune semble pourtant bien s’amuser, c’est un fait. Pourtant ce concert de fin de tournée en Province nous semble quand même un peu bâclé. Il faudra certainement un autre essai live pour se faire une opinion définitive sur la véritable force scénique des Band Of Skulls.

mercredi 26 mai 2010

Kimberlie & Clark - Café des Anges, Strasbourg (25/05/2010)


Esprits chagrins au placard : notre mois de mai n’a pas été tout pourri ! En tout cas le mien fut radieux puisqu’il m’a fait découvrir deux jeunes gens fabuleux. Une fille et un gars du côté de chez moi qui plus est. Cocasserie de l’histoire, ce n’est pas au détour d’une soirée alsacienne que leurs morceaux sont arrivés jusqu’à mes oreilles mais grâce à une errance myspacienne. Quelques coups d’œils rapides et on repère un nom qui accroche (homonyme d’une marque américaine dans le domaine de l’hygiène, allez savoir pourquoi ?!), un descriptif mêlant folk et punk, un adorable minois blond qui sourit tout le temps et de la chemise à carreaux (C’est génial les chemises à carreaux-j’adore les chemises à carreaux- ça nous rappelle notre grungitude). On n’a même pas entendu une seule note qu’on s’attache déjà à mademoiselle Dorothy (Laura) et monsieurJulien. Puis on se lance dans l’écoute de démos maisons entre morceaux originaux et reprises. Les interprétations sont joliment accrocheuses, avec la douceur tout en puissance du chant de Dorothy qui se marie parfaitement aux accords énergiques et aux chœurs de son compagnon musical. Même si ce n’est pas forcément un style que l’on écoute habituellement, le charme opère rapidement et, sans même y prêter attention, on se repasse les morceaux en boucle via l’horrible playeur Myspace.
On découvre alors que les jeunes gens ont essuyé les plâtres d’un concept semi-original proposé par Scène de Bain : des sessions acoustiques tournées en... salle de bain. La vision de la vidéo tient presque du coup de foudre : on s’imprègne du morceau scotché par les petites notes au xylophone, les carreaux des chemises et les charmants sourires de notre duo acoustique. Un truc se passe (et pas qu’avec moi apparemment) et l’envie obsessionnelle du moment devient : voir le duo jouer devant nous en vrai. (Ce qui doit être nettement moins compliqué à vivre dans l’immédiateté qu’un retour de Shellac à La Laiterie).
BINGO ! Ce sera chose faite grâce au mini-festival folk rock Chicago-Strasbourg proposé par les sympathiques membres du collectif KIM(D’ailleurs ultime date prévue pour ce festival : ce vendredi 28 mai à l’Artichaut où se produiront Jon Drake and the ShakesJaime Rojo et l’alsacien : MarxerPossible que j’en reparle. Il faut que j’en reparle !). C’est donc dans le cadre du Café des Anges que se produisait en ouverture de soiréeKimberlie & Clark. Assis sur leur tabouret, guitare et harmonica pour lui, xylophone et kleenex pour elle  ;) , le duo nous a offert un petit set charmant et très touchant fait de titres originaux aux mélodies séduisantes et de quelques reprises audacieuses (Death Cab For Cutie entre autres...) et surtout une version étonnante (et très réussie) de "Pints of Guinness Make You Strong" desAgainst Me !.
Kimberlie & Clark ont cette fraîcheur (et même une forme d’innocence très touchante) de ceux qui débutent. Pas qu’ils soient débutants en musique et concerts puisque chacun évoluait auparavant dans des formations nettement plus énergiques aux confins du punk rock. Pourtant on assiste bien là à l’émergence et au démarrage d’une nouvelle histoire. Déjà d’un point de vue musical puisque le groupe aborde un style qui diffère de ce que l’un et l’autre proposait jusqu’à présent. Mais aussi une étonnante histoire humaine car figurez-vous que, malgré une complicité et une complémentarité qui semble évidente quand Julien et Dorothy jouent ensemble, les deux jeunes gens ne se connaissaient même pas il y a quelques mois !
Pour notre plus grand plaisir, ils étaient faits pour se rencontrer et partager leurs nombreux talents artistiques. Le groupe devrait enregistrer quelques titres prochainement. De toute façon, vous serez vite au courant !
En images qui bougent (dans une salle de bain donc) :

dimanche 23 mai 2010

Sage Francis - Li(f)e


sorti le 11 mai 2010 chez Strange Famous Records/Anti-Records
Voici un album dont beaucoup ont parlé ces derniers mois et qui suscite, depuis sa sortie, une sympathique polémique. Sage Francis est un personnage incontournable de la scène hip-hop américaine. L’artiste est d’abord un homme complexe : ouvert, curieux, puisant ses inspirations aussi bien dans les fondamentaux du rap que dans beaucoup d’autres courants musicaux. Sage Francis est aussi un homme de combat dont les textes, généralement à charge, dénoncent parfois crûment des dérives politiques et autres. L’artiste est surtout considéré comme un agité aussi bien dans ses productions musicales que dans ses textes.
Pour sa nouvelle réalisation, Li(f)e, on devinait qu’il se tramait quelque chose de particulier. L’album était annoncé avec des collaborateurs multiples allant des membres de Calexico, au regretté Mark Linkous, à notre hexagonal Yann Tiersen en passant encore par Jason Lytle (ex-Grandaddy), Chris Walla(Death Cab for Cutie)... Autant dire qu’on touche là à des sphères assez inhabituelles et éloignées du hip hop ricain.
Deux extraits des plus attrayants avaient été jetés en pâture quelques semaines avant la sortie du LP : le dynamitant "Slow Man" et la réalisation mélancolico-rêveuse issue du travail de Sage Francis avec Yann Tiersen : "The Best Of Times" . Nous devions assister à la délivrance de l’une des bombes musicales de 2010. Que ce soit aussi bien dans la presse spécialisée, que parmi les membres de la blogosphère musicale, l’attente du Saint-Graal allait enfin combler un début d’année aux premières sorties moyennement enthousiasmantes.
Nous sommes mi-mai quand l’album sort et se trouve largement diffusé. (Notons au passage que l’artiste et le label ont su lutter intelligemment contre un leakage précoce du LP.) Et là c’est... le drame ! Je n’ai pas encore pu jeter une oreille surLi(f)e que j’assiste à un déferlement de critiques assassines aussi bien chezPitchfork et un sévère 6.3 que parmi mes collègues blogueurs musicaux connus pour leur habituelle objectivité et justesse d’analyse (cf liens en fin d’article).
Là plusieurs options s’offrent  :
- le déni [On n’écoutera pas l’album car il est un théorème qui dit que Sage Francis ne rate jamais un album. Li(f)e ?? Connais pas cet album, jamais entendu parler, ce doit être un imposteur homonyme du grand Sage qui l’a réalisé.]
- l’effet de bande [Ahh Sage Francis s’est bien vautré, nous aussi on ne va pas le rater ! Et avant même d’écouter le disque on se plaît à relire les critiques assassines des copains histoire de repérer quels sont les pires titres qu’on va écouter en boucle avec une jouissance sadique pour en dire les pires ignominies. Brûlons ceux que nous avons idolâtrés ! Et puis dans l’effet de masse on se sent moins coupable d’en dire du mal puisque MÊME Pitchfork n’a pas aimé !] 
- le allons-y à reculons [Un peu comme lorsque nous devons faire soigner une carie, on sait qu’il faut aller chez le dentiste, qu’on va avoir un peu mal, mais on ne peut pas faire comme si cela n’existait pas. Et puis ça se trouve, on n’aura même pas mal !].
Ainsi, sans trop de convictions, je me suis plongée dans Li(f)e et... *suspense*... ce fut follement enrichissant !!! Une première écoute déroutante certes, presque décevante parce que l’album n’accroche pas sur la durée. Mes quelques reproches ne portent pas véritablement sur le contenu mais sur la construction du disque. L’obstacle à franchir, l’épreuve pénible de l’écoute se situe pour moi dans le trio des pistes allant de "Polterzeitgeist" à "16 Years". Une fois que nous avons repéré ce qui nous gâche l’écoute, l’album se révèle sous une toute autre dimension. On ne peut pas dire que Li(f)e est un album raté ou décevant car il comporte des morceaux fantastiques et des collaborations étonnantes nous révélant quelques facette de Sage Francis totalement méconnues. Toutes ces associations variées au sein de Li(f)e sont, sous la forme d’un méli-mélo, le reflet de ce qu’est l’HOMME Sage Francis : un poète, un être sensible, un gros rigolo, un rebelle... Voilà en quoi l’écoute de l’album se révèle passionnante. Bon sang, oublions les exigences artistiques et nos attentes du Sage Francis des albums précédents : lançons-nous curieux dans cette introspection que nous offre Sage. "Three Sheets To The Wind" est trop péchu-poppy pour un rappeur du niveau de Sage Francis, et alors ?!?! Le morceau est sympathique, entrainant et se réécoute avec plaisir. N’est-ce pas là une bonne chose ? D’autres pistes sont de véritables bijoux de joyeuses mélancolies comme "I Was Zero" ou le titre "London Bridge" qu’on croirait interprété accompagné d’une chorale de kermesse d’école. C’est festif : j’aime. Mes filles adorent : on écoute du Sage Francis en famille ! Et pourtant, n’en déplaise aux esprits critiques, au sein de tout cela se trouvent des morceaux plus habituels du Monsieur que ce soit "Love The Lie" ou le très beau "Diamonds and Pearls".
Certes, on ne s’attend pas à de telles réalisations. On espère peut être découvrir quelque chose de moins fouillis et de plus "ambitieux" dans le genre remue-méninges. Mais beaucoup aimeront et réécouteront avec un plaisir énorme de nombreuses pistes de Li(f)e. Pour ma part, Sage Francis ne m’aura pas déçue, il m’aura simplement surprise... agréablement surprise.

mercredi 19 mai 2010

Liars - La Laiterie, Strasbourg (18/05/2010)


Liars était à l’affiche de La Laiterie pour un concert de milieu de tournée européenne. A la veille de leur date parisienne, la salle Club (petite salle de La Laiterie) n’affichait pas complet (alors que La Maroquinerie n’a plus de places à vendre depuis des jours, chose étonnante). Tant mieux parce que Liars reste un groupe à voir en salle (et petite salle). Même si certains se réjouissent de les retrouver une nouvelle fois à la Route du Rock mi août, il serait surprenant d’assister au même genre de prestation.
Démarrage de soirée flamboyant avec Fol Chen : le groupe de Samuel Bing , l’un des musiciens qui accompagne Liars en tournée. "Flamboyant" : visuellement s’entend, tons rougeâtres qui illuminent alors la salle Club. Le petit bonhomme monte sur scène accompagné entre autre d’une fort jolie claviériste. On oublie aussi vite ce que nos oreilles découvrent : il est difficile de rester accroché sur l’ensemble du set tant le groupe se laisse aller à des passages assez insipides faisant preuve d’une relative mollesse. Dommage car, par moment, il y a de sympathiques parties animées. De toute façon, ce n’est pas ce groupe que le public est venu voir ce soir : on se contentera donc de patienter tranquillement en attendant les Liars.
Liars prend place dans une ambiance assez différente du concert de La Maroquinerie de fin 2007. Déjà, le groupe porte des tenues décontractées et passe-partout : Angus n’est pas affublé d’un grand costume blanc mais d’un tee shirt sombre. A priori la prestation à venir devrait moins partir dans une grande messe psychédélico-délirante à laquelle j’avais assisté la dernière fois. La setlist en témoigne aisément : le groupe va jouer bon nombre de ses nouveaux titres issus de Sisterworld, ira piocher jusque dans leur premier album punk rockThey Threw Us All in a Trench and Stuck a Monument on Top (2001) pour nous interpréter le morceau ultra rythmique "The Garden Was Crowded And Outside". On aura aussi droit à quelques titres des albums Liars et même There’s Always Room On The Broom . Et ainsi, manque de chance me concernant,Drum’s Not Dead (leur disque qui me touche le plus) sera le grand oublié de la soirée. Dans un sens tant mieux puisque la présence des morceaux de cet album dans la setlist n’aurait très certainement pas donné la même ambiance de concert.
Angus Andrew reste toujours ce personnage un peu excessif qui mène la (les) danse(s) sans temps mort du début à la fin du concert. Julian Gross assène une rythmique parfaite et sait manier les cassures et reprises en puissance à merveilles. Le tout mignon Aaron Hemphill se place dans un registre multifonction : quand il ne supplée pas son camarade batteur, il officie efficacement à la guitare et aux claviers. Sympathiques, dynamiques, amusants, les membres de Liars possèdent cette incroyable capacité à créer des moments époustouflants de quasi transe. En alternant régulièrement des phases de grandes retenues avec des périodes complètement hystériques, ils parviennent à porter le public vers différents états physiques. Peu de groupes sont aussi doués pour proposer des concerts qui remuent autant (physiquement et intérieurement). La configuration "intime" de la soirée y a très certainement contribué. Liars demeure un excellent groupe scénique, nous sommes chanceux d’avoir pu apprécier leur forme actuelle qui est tout simplement éblouissante.

samedi 15 mai 2010

My Name Is Nobody - Stimultania, Strasbourg (14/05/2010)


Photo exclusive SEGAFREDOU
My Name Is Nobody déjà c’est un gros mensonge parce que son nom n’est pas Personne mais Vincent Dupas. Garçon très actif il est à l’origine de pas moins de quatre albums en deux années (avec cette formation mais aussi avec le groupe Fordamage). Entre les albums et concerts à gogo, beaucoup ont sans doute déjà écouté ses réalisations ou vu le bonhomme lors des prestations de l’un de ses groupes.
Ce n’était pas mon cas. C’est donc dans l’ignorance totale que je me suis précipitée pour assister à ce concert parce que c’était dans cet endroit magique du Stimultania et parce que Komakino propose toujours des artistes de qualité. Bon autant crever l’abcès tout de suite, ceux qui me connaissent savent qu’il m’est impossible d’aimer My Name Is Nobody puisqu’ils évoluent dans un style musical auquel je suis ABSOLUMENT hermétique. Le groupe propose des morceaux folk country d’une infinie douceur et la vue d’un banjo sur scène m’a de suite inquiétée. Pas question de m’enfuir et puis autant faire un effort d’écoute qui justement s’est révélé efficace. Effectivement les morceaux proposés sont proches de berceuses ou de ballades tranquilles ce qui, pour les excitées dans mon genre, peut paraître parfois interminable. Pourtant belle surprise : un titre enlevé, nettement plus rock accroche de suite. Manque de bol dès qu’il est achevé, Vincent Dupas nous dit l’air presque gêné de s’être emporté de si belle manière : "Rassurez-vous ce sera le seul morceau comme cela de la soirée !".... Ahhh mais cela ne me rassure pas du tout, j’en aurais bien repris deux ou trois fois des morceaux péchus dans ce genre ! On restera donc dans de la folk tranquille. J’aurais pu parler de mollesse mais cela serait terriblement injuste. En effet, nous assistions là à une belle démonstration de délicatesse musicale. Les parties jouées aux claviers, le petites subtilités du jeu de basse, les accompagnements au violon ou au banjo ainsi que l’efficacité d’une percussion discrète créaient une sorte d’écrin dans lequel la très belle voix de Vincent Dupas avait tout loisir de s’exprimer. Et je ne fus pas la seule à être séduite puisque devant l’enthousiasme du public présent, le groupe nous offrait deux titres supplémentaire dont une reprise vraiment épatante d "I Will Always Love You" avec un Vincent Dupas seul à la guitare.

vendredi 14 mai 2010

Deerhunter - la Maroquinerie, Paris (13/05/2010)


Lockett Pundt guitariste de Deerhunter - Photo Yom-S
Paris constituait la dernière date de cette tournée 2010 du groupe mené par le génial Bradford Cox. Avant de repartir pour leur chez-eux américains, les quatre membres de Deerhunter jouaient dans une Maroquinerie affichant depuis la fin de journée complet. La salle est bondée avec un public assez varié et (étonnamment) de tout âge. Leur prestation lors de La Route du Rock 2009n’avait guère été convaincante et même bien décevante par rapport à l’enthousiasme suscité par les morceaux de l’album Microcastle et surtout de la dernière réalisation en date l’EP Rainwater Cassette Exchange. Le cadre et le lieu ne se prêtaient sans doute pas à ce genre de performance. La salle de La Maroquinerie semblait bien mieux adaptée pour accueillir le groupe et lui permettre de délivrer un set de grande qualité.
On aurait pu craindre avec cet ultime concert de trouver un groupe fatigué et pressé de vite en finir. Point de concert bâclé, au contraire, Bradford Cox et son groupe semblaient motivés pour faire durer la soirée et la rendre surtout particulière (en toute fin) pour deux proches (?) présents dans le public. C’est dans une ambiance sage et chaleureuse, aussi bien sur scène que dans la salle, que le concert débute. Seul le juvénile guitariste Lockett Pundt se tient isolé, côté droit de la scène, avec un air un peu boudeur qu’il ne quittera pas de la soirée. Bradford Cox mais surtout le bassiste Josh Fauver, quant à eux, s’éclatent un peu plus à chaque morceau qu’ils interprètent. Dans le public au devant de la scène on croise (enfin on se retrouve collée pour être plus juste) à quelques jeunes groupies. De vraies groupies : certaines n’hésitant pas à jouer de leurs coudes volumineux pour approcher au plus près de Bradford Cox, d’autres moins téméraires avaient les yeux embués de ne pas bien voir leur idole. Ce n’est guère étonnant que le groupe suscite autant de ferveur. Deerhunter, par la fragilité et la forte émotivité de son leader chanteur Bradford Cox, dégage une infinie sympathie. Alors quand en plus le groupe nous interprète les meilleurs morceaux des albums Cryptograms, Microcastle et même trois extraits de Rainwater Cassette Exchange EP , on savoure l’intensité et la qualité d’une prestation qui nous avaient cruellement fait défaut lors du festival malouin. Dès le début du set le groupe nous propose une interprétation magique de l’excellent titre "Never Stops", Lockett Pundt interprète un morceau, puis "Rainwater Cassette Exchange" nous est présenté avec des arrangements nouveaux qui confèrent au titre un charme différent de sa version studio. Pas de temps mort, les morceaux s’enchainent dans une douce ambiance et voilà qu’on se plaît à se laisser emporter par un "Nothing Ever Happened" qui semble s’éterniser indéfiniment.
Le final du concert est vraiment particulier : quasi familial et complètement destructuré. Le public assiste amusé à la montée sur scène de deux vieux amis (?) du groupe en lieu et place de Cox et Fauver. Les guitares et la basse sont désaccordées, la batterie est démontée, Bradford plonge dans la foule. Manières sympathiques de clore un concert, le dernier d’une tournée. S’ensuivent des séances photos souvenirs des quatre membres de Deerhunter.Bradford Cox et Moses Archuleta semblent satisfaits, Josh Fauver est hilare, Lockett Pundt sourirait presque.

lundi 10 mai 2010

The Chap - Stimultania, Strasbourg (09/05/2010)


A quelques jours de la sortie officielle de leur prochain album (Well Done Europe le 24 mai chez Lo Recordings) les trublions de The Chap venaient dispenser leur bonne humeur dans la chaleureuse Galerie Stimultania. C’est au nombre de quatre que le groupe officiait devant un public venu en nombre pour une nouvelle très chouette programmation proposée par l’associationKomakino.
Nous nous doutions que nous passerions un moment fort divertissant. Déjà parce que The Chap sont connus pour être assez exceptionnels lors de leurs prestations mais aussi parce que ceux-ci manient à merveille l’humour potache. En ces temps de leaks à tout va, le groupe nous a proposé il y a déjà quelques semaines (à deux mois de la sortie de l’album) une piste d’écoute intégrale de leur prochain album... d’une durée de 3’30 !! Well Done Europe totalement compressé en voilà une idée géniale pour gagner du temps.
Et puis allez hop jetez une oreille sur cet album vous m’en direz des nouvelles :
Dans le même ordre d’idées ce sont toutes les paroles compressées du même album que le groupe nous offrait par la suite.
Plus sérieusement, depuis quelques jours, l’album est en écoute intégrale (avec une durée normale des morceaux) sur le site de Lo Recordings.
On a beau n’avoir payé que trois euros pour voir The Chap, à aucun moment nous n’avons l’impression d’assister à un concert au rabais. Bien au contraire : le groupe se donne à fond de la première minute à la dernière. Les membres sont de sacrés personnages : dans leur dégaine, leurs mimiques irrésistibles et leurs mises en scène terriblement distrayantes. Parmi les nouveaux titres "Even Your Friends" ou encore "Well Done You" se révèlent sacrément efficaces en versions live. Dans un cadre qui se prête plus à l’acoustique, The Chap sont parvenus à dégager une énergie musicale électrique des plus sémillantes. Sans doute l’un des concerts les plus réjouissants de cette première moitié 2010.
D’autres photos du concert en polaroïd sur Polaroïd Corporation

mercredi 5 mai 2010

Les Lutins Patates de l’Espace - Le Molodoï, Strasbourg (04/05/2010)


Après avoir fait l’étonnante découverte du surprenant album Kill Me When I’m Dead des non moins étonnants Lutins Patates de l’Espace, la chance nous était offerte de venir apprécier le tout jeune duo grenoblois sur scène. Dans un Molodoï bien frisquet (non pas pour l’accueil toujours impeccable de cette salle mais à cause du refroidissement brutal qui sévissait dans les rues strasbourgeoises), les deux jeunes garçons ont débuté un concert d’environ une heure devant un grand drap sur lequel étaient projetés différents extraits vidéos.
Avec en fond visuel des images aux ambiances variées (d’une autre époque, de la campagne, un jeune enfant...) et pourtant douces et reposantes, Les Lutins Patates de l’Espace délivrent en contre-point un set hargneux. Sans temps mort, les morceaux s’enchainent et la batterie se déchaine. Pour compléter cette nervosité rythmique, s’ajoutent jeux de guitares, sons émis par quelques cordes frottées à l’archet et samples.
Même si la qualité sonore n’est pas l’une des meilleures entendues récemment, le public se laisse rapidement emporter par les montées en puissance efficaces que le duo nous offre. Énergiques avec une réelle présence et des morceaux accrocheurs voilà ce qu’on peut retenir de cette prestation réussie. Petit regret personnel, la curiosité d’entendre sur scène le morceau "Paulson" qui n’a pas été joué. En même temps, cela aurait été un exercice un peu casse-gueule et pas forcément un choix judicieux de morceau à proposer en concert. Du coup voilà une motivation supplémentaire pour retourner voir le groupe en concert : peut-être qu’une autre fois, ils la joueront !

Meursault - Le Molodoï, Strasbourg (04/05/2010)


Toujours dans le même Molodoï un peu moins frisquet car réchauffé par les ardeurs des Lutins Patates de l’EspaceMeursaut et trois de ses musiciens (parfois il peut tourner à 7 personnes) prennent place. Grosse impatience pour ce concert. L’écoute récente et incessante de la dernière réalisation de l’artiste écossais : l’excellent album All Creatures Will Make Merry n’a fait qu’attiser l’empressement de le découvrir en live.
Et nous ne sommes pas déçus : le percutant "Crank Resolutions", l’ un des meilleurs extraits de l’album à venir, démarre le set de manière hautement efficace. Beaucoup de morceaux du dernier album seront présentés durant un concert qui nous semblera trop court tant ce moment est délicieux. Ce qui impressionne surtout c’est cette voix : si belle et tellement puissante. Que ce soit sur des titres très énergiques ou avec des morceaux tout en douceur comme le superbe "One Day This’ll All Be Fields," qu’il présente accompagné d’une sorte de ukulélé, Meursault vit son interprétation un peu à la manière d’un Matt Elliott dont on a toujours l’impression que les veines du cou sont prêtes à exploser tellement le chant semble tendu. Il y avait une belle richesse dans ce que nous a proposé Meursault et son groupe : des morceaux pop rock terriblement accrocheurs et des moments poignants. Avec ce timbre qui véhicule une si belle mélancolie, on se laisse facilement submerger par des émotions diverses. Quelques membres du groupe se recueillent presque en écoutant religieusement Meursault qui se lance des interprétations vocales bouleversantes et viennent même accompagner l’artiste d’un chant choral tout aussi émouvant.
Voilà typiquement le genre de concerts qui une fois terminé nous laisse cette idée fixe : avoir très vite la possibilité de croiser de de nouveau le groupe lors d’une prochaine prestation .